Strasbourg : la police accusée de méprise

Selon le plaignant, les policiers n'avaient pas de signes distinctifs pour les reconnaître.
Selon le plaignant, les policiers n'avaient pas de signes distinctifs pour les reconnaître. © Max PPP
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avec Frédéric Michel , modifié à
Les fonctionnaires ont tiré sur deux voitures alors qu'ils pensaient qu'il s'agissait du même véhicule.

Les policiers n'avaient pas fait la différence entre une voiture verte et une voiture. Une confusion lourde de conséquences puisqu'un homme de 34 ans a été pris, par erreur, pour cible dans sa voiture à Strasbourg, le soir du réveillon du Nouvel an, par des policiers. Les coups de feu tirés l'ont blessé à un doigt. Il a déposé plainte afin "de déterminer dans quelles circonstances ces trois policiers ont fait usage de leurs armes à feu", a précisé le procureur-adjoint Claude Palpacuer, confirmant une information du quotidien Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA).

"Une affaire classée?"

Dans la nuit du Nouvel An, dans le quartier sensible de Hautepierre, des policiers en civil ont fait usage une première fois de leur arme pour tenter d'arrêter un automobiliste qui leur avait foncé dessus avant de prendre la fuite.

Plus tard dans la nuit, les policiers auraient repéré une voiture semblable à celle du fuyard qui arrivait dans leur direction. Ce véhicule ne s'arrêtant pas, ils auraient de nouveau tiré et ont blessé le conducteur à une main. Ce dernier, qui rentrait d'une soirée avec des amis, a expliqué ne pas s'être rendu compte qu'il avait affaire à des policiers.

Farid* ne cache pas sa colère :

"A peine, ils ont vu ma voiture qu'ils ont tiré dessus. Je ne savais même pas qu'il s'agissait de policiers. Ils n'avaient pas de brassards, pas de voiture. C'est un miracle que je sois encore là. Quatre balles sur la voiture ! Imaginez vous si j'avais reçu une balle dans la tête, je serai quoi ? Une affaire classée ?", s'insurge Farid*, le plaignant sur Europe 1. 

"C'est complètement hallucinant"

Le parquet de Strasbourg a diligenté une enquête afin de comprendre comment une telle méprise a pu arriver. "Tout cela est très mouvant, ça s'est passé assez vite, il va falloir voir si les policiers avaient leurs brassards et des relevés vont être effectués concernant la trajectoire des tirs", a ajouté Claude Palpacuer, le procureur-adjoint, soulignant par ailleurs que "le plaignant était en état alcoolique" au moment des faits.

L'avocat de Farid s'insurge contre les méthodes employées par les policiers. "On a plein de moyens pour arrêter un délinquant. Tous les jours, des centaines voire des milliers de délinquants sont arrêtés mais on ne leur tire pas dessus. Pourquoi on tire sur une personne qui circule dans son véhicule parce qu'on pense le reconnaître ? C'est complètement hallucinant", déplore Me Renaud Bettcher.

L'Inspection général de la police nationale (IGPN), "la police des polices", n'a pas été saisie du dossier. Ce sont des policiers strasbourgeois qui mènent l'enquête.  L'autre conducteur, qui avait renversé les policiers, est lui toujours recherché.

*Le prénom a été modifié.