Trois médecins généralistes de Metz ont été placés en garde à vue mercredi, soupçonnés d'avoir prescrit complaisamment des produits de substitutions à l'héroïne à des dizaines de patients qui revendaient ensuite les médicaments, a-t-on appris de source judiciaire. Une enquête avait été ouverte en avril 2012, après l'arrestation de plusieurs toxicomanes qui revendaient du Subutex, un des substituts à l'héroïne les plus consommés.
"Lorsque nous les avions questionnés, ils nous avaient expliqué que Metz était connu comme un lieu où certains médicaments étaient prescrits facilement par plusieurs médecins", a expliqué le procureur de Metz, Pierre-Yves Couilleau. Après des recoupements avec les fichiers de la Caisse primaire d'assurance maladie, les enquêteurs de la police judiciaire de Metz et du Groupement d'intervention régional, en charge du dossier, ont mis au jour des ordonnances suspectes délivrées par ces trois généralistes.
Certains patients se sont fait prescrire 1.800 boîtes de Subutex en un an, alors que le dosage maximal préconisé par les autorités sanitaires est de moins de 100 boîtes annuelles. "Certains médecins, sur deux ans, ont prescrit 16.000 boîtes sans qu'on puisse mettre en face un nombre de patients cohérent", a souligné le magistrat. Il est également reproché à ces généralistes d'avoir délivré plusieurs ordonnances à une seule personne qui disposait de plusieurs Cartes vitale de Sécurité" sociale, en facturant autant de consultations que de prescriptions.
"Les médicaments étaient ensuite revendus 10 euros la boîte de Subutex, 20 euros la boîte de Skénan", un autre substitut à l'héroïne qui était également prescrit par les suspects, a indiqué Pierre-Yves Couilleau.