"Les voyous ont gagné"

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Marion Sauveur , modifié à
- Un supermarché de St-Denis a été détruit par le feu après des heurts.

"C’est une catastrophe", réagit choqué Mahmed Abderrahmen à Europe1.fr. Le gérant du Leader Price du quartier du Franc-Moisin, à Saint-Denis, a découvert tôt mercredi matin sa boutique en feu. "La télésurveillance m’a appelé chez moi, à cinq heures du matin. Et la police m’a confirmé qu’il y avait le feu", raconte-t-il. "Il ne reste plus rien. Tout est fondu", explique-t-il désespéré, avant de confier : "On a tout perdu".

"C’est une mafia"

Le feu n’est pas accidentel. Ce sont les jeunes de la cité qui ont brûlé l’établissement, à la suite de cinq interpellations qui se sont déroulées mardi en fin de journée. Des heurts ont ensuite éclaté.

Cette réaction par la violence révolte Mahmed Abderrahmen. "Les voyous ont gagné", s’est-il insurgé avant d’ajouter : "Ils font leur business. Ils attaquent et agressent les gens et voilà le résultat. C’est une mafia". Pour lui, "on est dans un pays de non droit. On est en 2010. On est en France. Où est-la sécurité ?", se demande-t-il.

"Ils nous ont bien punis" :

Ce n’est pas la première fois que les jeunes de la cité s’en prennent à Mahmed Abderrahmen. "Depuis trois ans, c’est une guerre contre ces gens-là", s’élève-t-il. Il avait fait la Une de la presse en 2007, après avoir été attaqué et agressé à trois reprises et avoir été menacé de mort. La ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, l’avait reçu lorsque sa situation s’était dégradée dans la cité.

"La justice est trop gentille"

Le Leader Price a encore une fois été cambriolé en juin dernier. "Ils ont braqué le directeur du magasin. Mais le braqueur a été libéré une semaine après", déplore-t-il. "Et il y a un mois, ils sont entrés dans le magasin et ils ont tout vidé. Tous les jours on a des problèmes", regrette-t-il encore.

Mahmed Abderrahmen ne blâme pas les autorités. "La police a fait beaucoup d’efforts. Mais la justice est trop gentille en France. Elle libère les voyous. Ces gens-là n’ont aucun respect pour la France, parce qu’à Franc-Moisin on n’est pas en France, on est chez eux".

"C’est fini"

Mahmed Abderrahmen va tout de même aller porter plainte. Mais aujourd’hui, il veut tourner la page de ces trois années difficiles. "Maintenant, c’est fini. Le magasin n’ouvrira plus. C’est dommage pour la population et les gens honnêtes", insiste-t-il. "Je vais aller chercher du travail dans un quartier en sécurité", explique-t-il.

"Je n’ai pas voulu baisser les bras, mais aujourd’hui je les baisse avec les larmes aux yeux. J’ai lutté… mais pour la première fois de ma vie je baisse les bras", répète-t-il douloureusement. "Pourtant, je suis quelqu’un qui n’a peur de rien. Mais j’ai une vie, j’ai des enfants et je suis fatigué", conclue Mahmed Abderrahmen.