Les secours appelés... par un détenu

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avec Frédéric Michel et Baptiste Cordier , modifié à
Après le malaise d'un prisonnier, un voisin de cellule a donné l'alerte avec son portable.

Les services pénitentiaires ont-ils manqué à leur devoir ? La question est posée après de la mort d'un détenu qui avait fait un malaise dans sa cellule, à la maison d'arrêt de Metz-Queuleu. Aucun surveillant n'ayant répondu à ses appels... c'est un autre prisonnier, d'une cellule proche, qui a appelé directement les pompiers avec le téléphone portable qu'il détenait illégalement. Les secours sont donc arrivés quelques minutes plus tard, à la grande surprise des gardiens et malheureusement trop tard pour sauver le malade.

L'interphone d'appel ne fonctionne pas. Les faits remontent au 31 mars dernier, à la veille du lundi de Pâques. Il n'est pas tout à fait minuit quand un détenu âgé de 57 ans fait un malaise dans sa cellule. Son codétenu le découvre en arrêt cardiaque. Dans l'urgence, il actionne l'interphone, mais l'appareil ne fonctionne pas. Il se lance alors dans un bouche-à-bouche tout en criant pour donner l'alerte et interpeller les surveillants.

Un détenu utilise son téléphone. La cellule est située au troisième étage de la maison d'arrêt et les appels au secours restent sans réponse. C'est finalement un troisième détenu qui entend les cris et décide alors d'agir en composant le numéro des pompiers à l'aide de son propre téléphone portable, pourtant interdit en prison. Les pompiers jugent l'appel suffisamment crédible pour faire partir une équipe de secouristes. Lorsque celle-ci se présente devant la maison d'arrêt, les surveillants tombent des nues, le personnel pénitentiaire ignore en effet tout de la situation. Les pompiers, eux, n'ont pu que constater le décès.

"Il y a eu un problème technique". Fadila Doukhi du syndicat Force ouvrière pénitentiaire, évoque au micro d'Europe 1, un problème matériel. "Il y avait une panne technique à ce moment-là et c'est vrai que le surveillant qui se trouvait au poste de détention n'a pas eu d'appel. Il faut savoir qu'en service de nuit, il y a une restriction de personnel et il y a très peu de personnel qui ronde, c'est-à-dire qui ronde toutes les deux heures dans tout le centre de détention. Dans le cadre de la RGPP, révision générale des politiques publiques, on a eu une baisse importante en service de nuit", déplore la syndicaliste.

Concernant la détention de portable au sein de la prison, la syndicaliste précise que c'est un phénomène courant. "La prison, c'est une microsociété et ce que vous trouvez à l'extérieur vous le trouvez à l'intérieur. Des portables, on en trouve à foison, on en trouve beaucoup, comme des produits illicites", commente-t-elle.

Une enquête ouverte. Si l'autopsie a révélé que la cause de la mort était naturelle, une information judiciaire a été ouverte pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès. Elle devra notamment déterminer si le personnel pénitentiaire a tardé à intervenir, et confirmer si l'interphone était effectivement défaillant. Des sources proches du dossier s'interrogent et regrettent en effet le temps d'intervention "un peu long". "Même si on ne peut pas savoir si la victime aurait pu être sauvée dans le cas contraire", indique un proche du dossier à l'Est Républicain, qui a révélé l'affaire.