Les rémouleurs avaient un appétit aiguisé

Les remouleurs proposaient d'aiguiser les lames pour un bon prix, une manière de mieux approcher leurs victimes pour ensuite les racketter.
Les remouleurs proposaient d'aiguiser les lames pour un bon prix, une manière de mieux approcher leurs victimes pour ensuite les racketter. © REUTERS
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avec Frédéric Michel , modifié à
Huit tziganes ont été arrêtés, soupçonnés d'être impliqués dans une vaste et lucrative escroquerie.

Après trois ans d’enquête, la Sûreté départementale et le Groupe d'intervention régional (GIR) ont enfin réussi à mettre la main sur le groupe d’escrocs qui se dissimulait derrière une activité de rémouleurs -les artisans qui aiguisent les lames usées- pour mettre en place un chantage lucratif.

Huit tziganes d'une même famille, soupçonnés d'être impliqués dans une escroquerie estimée à au moins 400.000 euros, ont été interpellés mardi à Strasbourg et Geispolsheim, dans le département du Bas-Rhin.

La bonne affaire vire au chantage

L’arnaque consistait à proposer à des entreprises d'aiguiser les lames de leurs outils et machines-outils pour un coup très compétitif, puis à les menacer pour qu'elles paient des factures pouvant s'élever à quinze fois le prix de la pièce traitée.

En cas de refus, "ils menaçaient les victimes d'installer leurs caravanes sur le parking de l'entreprise", précise le commissaire Patrick Roussel. Cent quatre victimes ont déjà été identifiées dans un grand quart nord-est de la France, de Lille à Strasbourg, mais d'autres pourraient encore se faire connaître.

Une opération de police massive

Les forces de l’ordre ont dû mettre en place une opération d’ampleur pour interpeller huit personnes de la communauté yéniche. Les quatre hommes et quatre femmes arrêtés, membres d’un groupe de "vanniers" (l’artisanat de l’osier), sont âgés de 20 à 63 ans.

Leur interpellation et les perquisitions qui ont suivi ont nécessité la mobilisation de 89 fonctionnaires de police, dont une demi-compagnie de CRS de Reims et le GIPN, agissant sur commission rogatoire du juge d'instruction strasbourgeois Thierry Lefèvre.

Une escroquerie juteuse

Lors de leurs perquisitions, les enquêteurs ont mis a main sur un véritable butin. Ils ont non seulement saisi 21.000 euros en liquide et deux voitures de luxe, mais aussi six kilos d'or provenant de bijoux, d'une valeur de 120.000 euros, ainsi que des bons de vente d'or et de métaux en Allemagne pour un montant de 200.000 euros.

Les personnes impliquées dans cette escroquerie possédaient également 16 armes à feu, dont deux fusils à pompe, des pistolets automatiques, et plus de 1.000 cartouches.

La famille possédait en outre des comptes en banque garnis à hauteur de plusieurs centaines de milliers d'euros, un terrain en Belgique, un à la Meinau, et une maison de plus de 200 m2 à Geispolsheim.