Le scénario de la tuerie de Chevaline

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Charles Carrasco avec Reuters , modifié à
L'auteur du quadruple meurtre en Savoie s'est acharné sur ses victimes, selon Le Monde.

Petit à petit, le scénario se dessine. L'auteur du quadruple meurtre de Chevaline en septembre dernier a empêché ses victimes de fuir avant de s'acharner sur elles et d'abandonner derrière lui des fragments de son arme, selon un scénario établi par la gendarmerie dont fait état le journal Le Monde daté de dimanche-lundi. Mais toujours aucune piste n'a pu être privilégiée à ce jour, selon les conclusions des synthèses dont fait état le quotidien.

L'origine irakienne de la famille britannique et d'obscures affaires d'héritage sont examinées aussi bien que la piste d'un tueur fou isolé qui aurait frappé au hasard. Celle d'un crime lié à la profession d'ingénieur de Saad al-Hilli et à ses travaux dans une entreprise de satellites n'aurait rien donné, selon Le Monde. Rien n'indique à ce stade que le cycliste français tué avec les trois membres de la famille britannique ait été visé en premier ou ait été la cible principale du crime, selon les constatations des gendarmes.

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Une arme utilisée dans l'armée suisse

07.09 Tuerie de Chevaline Haute-Savoie route barrée. 930620

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L'arme du crime - des fragments ont été retrouvés au sol comme si elle avait chuté - est un Luger qui était utilisé dans l'armée suisse dans les années 1920 et 1930, ce qui en fait une arme de collection très éloignée a priori des types d'armes à feu utilisées par le grand banditisme ou les tueurs professionnels.

Les expertises balistiques et les dépositions ont permis d'établir très précisément le déroulement des faits. Des photos prises par les Britanniques une demi-heure avant les faits et retrouvées dans leur appareil les montrent souriants.

Le scénario de la tuerie 

• 15h15 : Après avoir dépassé le village de Chevaline, William Brett Martin, un cycliste britannique, est rejoint et distancé par un autre cycliste français, Sylvain Mollier.

chevaline gendarmes maxppp 930620

15h30 : Un seul tireur positionné en amont du parking fait feu. Il touche le cycliste français, ainsi que Saad al-Hilli et une autre personne située à l'arrière de la voiture. Le père de la famille britannique court vers son véhicule en entraînant sa fille aînée par la main. Il monte dans sa voiture tandis que la fillette reste à l'extérieur. Saad al-Hilli, bien qu'atteint par une première balle, parvient à prendre le volant pour fuir, opérant une manœuvre en marche arrière pour repartir, en heurtant au passage le cycliste, Sylvain Mollier, mis à terre par une autre balle. Les roues de la voiture ont perdu leur adhérence et en reculant, il touche un talus par l'arrière.

Le tueur semble alors s'être approché du véhicule bloqué et avoir exécuté froidement avec deux balles dans la tête, à travers les vitres, chacune de ses victimes, oubliant cependant la plus jeune fillette cachée sous les jupes de sa mère. Il a ensuite, vraisemblablement, achevé le cycliste qui se trouvait à terre. Sans doute à court de munitions, l'homme a ensuite, toujours selon les constatations des gendarmes, tenté de tuer la fille aînée du couple en la frappant à la tête avec la crosse de son arme, la laissant gravement blessée mais vivante.

15h45 : Le cycliste britannique arrive sur les lieux et découvre la fille aînée, le corps en sang. Il coupe le moteur de la voiture des al-Hilli. 

15h48 : Il prévient les secours.

"Aucune pièce transmise"

Les affirmations du quotidien du soir ont été tempérées par le lieutenant-colonel Benoît Vinnemann qui dirige l'enquête. Il a assuré samedi qu'"aucune pièce de procédure n'a été transmise à la direction générale de la gendarmerie ou au cabinet d'instruction".

Pour sa part, le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud, a également démenti l'existence de "synthèses partielles", comme l'affirme le quotidien. "De plus, s'il devait en exister une elle ne serait jamais transmise à la direction générale de la gendarmerie", a affirmé Eric Maillaud. "On est en train de susciter des interrogations auprès des familles qui ne comprennent pas qu'elles ne soient pas mises au courant", a déploré le procureur de la République.