Exproprié, le chef d'entreprise se suicide

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et Lionel Gougelot
Après des mois de conflit avec les élus de Boulogne-sur-Mer, Thierry Toneguzzo s'est pendu.

"Ils l'ont laissé crever à petit feu". Après avoir menacé plusieurs fois de se suicider, un patron d'entreprise de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, a mis ses menaces à exécution. Thierry Toneguzzo a été retrouvé pendu mardi dans le bureau de sa concession de vente de caravanes et de camping-cars implantée à Outreau.

L'entrepreneur s'opposait depuis plusieurs mois au projet de la Communauté d'Agglomération, qui entendait exproprier son entreprise au profit de la construction d'une zone d'affaires et d'un stade de football sur la zone industrielle d'Outreau. Thierry Toneguzzo estimait également que les indemnisations proposées par les élus locaux étaient largement insuffisantes pour compenser son expropriation.

"Ils l'ont eu à l'usure"

Dans un geste de désespoir, il s'est donc suicidé. Avant de se pendre, Thierry Toneguzzo a laissé plusieurs messages écrits mettant en cause les élus de l'agglomération de Boulogne-sur-Mer. Pour Alexandre, l'un des salariés de l'entreprise, son jeune patron de 44 ans n'a pas supporté l'idée de perdre son entreprise, et ce après plusieurs mois de bras de fer et de combats juridiques.

"Son combat était de sauver sa société qu'il avait créé lui-même, tout seul, depuis le début. Il attendait de savoir s'il allait être indemnisé, si on allait lui trouver un bâtiment", commente l'employé au micro d'Europe 1. Ce dernier dénonce avec virulence la responsabilité des élus de la ville dans ce suicide. "Pour moi, ils l'ont eu à l'usure. Ils l'ont laissé crever à petit feu. Il s'est senti enfermé et il est passé à l'acte, en geste de ras le bol", estime Alexandre.

"Continuer le combat"

Pour l'heure, aucune réaction des actuels élus de la Communauté d'Agglomération. L'ancien maire de Boulogne, Frédérique Cuvillier, aujourd'hui ministre des Transports, a quant à lui fait part de son émotion après le geste de désespoir du chef d'entreprise.

Mais dans les ateliers, les employés de Thierry Toneguzzo annoncent qu'ils vont poursuivre le combat de leur patron. "En sa mémoire, on va continuer pour obtenir une indemnisation correcte, pour maintenir l'emploi dans la société et poursuivre l'activité. C'est lui rendre hommage, parce qu'il aurait voulu, lui, aller jusqu'au bout. Et nous allons continuer son combat", assure un salarié au micro d'Europe 1. Et cette fois, confie un autre salarié, "les élus devront nous traiter autrement que par le mépris".