Elle voulait escroquer les parents d’un jeune suicidé

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Frédéric Frangeul
Une enquêtrice privée est jugée pour avoir tenté de soutirer 60.000 euros à des parents en souffrance.

L’INFO. Elle se présentait comme une experte en affaire classée. Une profileuse est jugée mercredi à Agen pour escroquerie et tentative d’escroquerie à l’égard d’un couple dont le fils unique s’était suicidée au printemps 2011, à l’âge de 20 ans. L’enquêtrice privée avait tenté de faire croire aux parents que leur fils avait été tué par un jihadiste.

Un suicide. Tout a commencé par un drame en mai 2011 quand le corps de Jean, étudiant en école de commerce à Bordeaux, est retrouvé sans vie dans un bois dans les Landes. Les enquêteurs concluent rapidement à un suicide du jeune homme, avec le fusil de chasse du père de famille. Désespérés, les parents de Jean n’arrivent pas à expliquer le geste de leur fils et font appel à une société de conseil qui les met en relation avec une enquêtrice privée. Cette dernière, se présentant comme une "profileuse", assurait sur son blog être une spécialiste des affaires classées, comme le souligne le quotidien Sud Ouest.

Elle leur décrit "l’exécution" de leur fils. Moyennant 6.000 euros, l’enquêtrice promet d’approfondir les circonstances de la mort de Jean. Elle saisit alors l’ordinateur, le téléphone et des documents personnels du jeune homme. Après analyse, elle leur livre alors ses conclusions : selon elle, Jean a été tué par des jihadistes. Elle leur décrit "l’exécution de leur fils, bien ficelée, selon des méthodes jihadistes", raconte Edouard Martial, l’avocat de la famille, interrogé par Le Parisien. Problème, aucune preuve tangible n’appuie ses dires.

Une facture de 60.000 euros. L’enquêtrice affabulatrice ne s’arrête pas à ces conclusions. Elle explique aux parents qu’elle a besoin de plus d’argent pour identifier l’auteur du prétendu crime. Il lui faut, prétend-elle, financer la constitution d’une équipe de gardes du corps et l’organisation de filatures notamment. Pour les parents de Jean, la facture à payer pour ces frais supplémentaires se monte à 60.000 euros, à payer en une seule fois, avec la consigne de garder le silence sur l’affaire.

Une plainte. La profileuse demande également aux parents de Jean de déménager pour éviter, assure-t-elle, qu’ils ne soient tués à leur tour par ce réseau, comme le précise le journal Sud Ouest. C’est l’élément de trop pour les parents qui décident d’arrêter leur collaboration avec l’analyste comportementale.  Sur les conseils de leur avocat, ils portent même plainte à l’encontre de la profileuse. Celle-ci connaîtra son sort mercredi devant le tribunal correctionnel d’Agen.