Des bandes rivales sèment la panique à Nantes

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François Coulon avec , modifié à
La maire de Nantes a réclamé jeudi à l'Etat des renforts policiers, après un "enchaînement" d'actes de violences entre bandes rivales de différents quartiers de la ville.

Une réunion d’urgence a rassemblé jeudi à la préfecture de Nantes les représentants de la mairie, du parquet, de la police judiciaire et de la direction départementale de la sécurité publique. Objectif : réagir aux épisodes de violences qui émaillent depuis plusieurs semaines les quartiers de Bellevue, Malakoff, la Chauvinière et la Bottière. Et surtout, réagir à la multiplication des agressions par des jeunes aux visages masqués, notamment dans les lycées, ces derniers jours.

Quatre bandes rivales et des explosions. Au total, quatre quartiers se font la guerre. Un combat entre bandes avec ses explosions imprévisibles. Et depuis des semaines, la violence va crescendo, les coups de couteau et les coups de feu se multiplient. Face à cette situation, les policiers, essentiellement mobilisés sur la zone de Notre-Dame-des-Landes, sont dépassés par les événements.

Samedi, des coups de feu ont été tirés dans un gymnase à l'issue d'un match de futsal, opposant les équipes de deux quartiers rivaux. Une personne a dû être hospitalisée après avoir reçu des coups de couteau. Dimanche, une balle a traversé la vitre de la cuisine d'une habitante du quartier de la Bottière. Quatre jeunes hommes soupçonnés d'être les auteurs des coups de feu ont été mis en examen mercredi pour "association de malfaiteurs en bande organisée". Et deux d'entre eux ont été écroués, a indiqué Brigitte Lamy, procureur de la République de Nantes.

"On est proche d'avoir un mort". Lundi midi, une expédition punitive s'est déroulée en plein lycée Monge, au nord de Nantes, où deux jeunes ont été roués de coups, devant une cinquantaine de témoins. "Ils sont arrivés à huit ou neuf, cagoulés, tout en noir. Et ils ont planté un tourne vis dans la cuisse d'un gars. "Les règlements de comptes, c'est : 'il m'a tapé, je le tape, il me retape'. Ca ne finira jamais. Tout ça pour un match de foot. Ils ont perdu, alors ils ne sont pas contents", déplore une jeune lycéenne de l'établissement Monge.

Une autre élève s'inquiète pour sa sécurité. "Normalement, dans le lycée, on est censé être protégé. Là, que les gens rentrent aussi facilement dans le lycée, c'est inquiétant", s'alarme-t-elle. Et ils sont nombreux à redouter le pire, comme Maxime : " ça me fait peur quand je vois que ça tire au fusil, que des gars se poignardent. Ce ne sont plus des bagarres classiques. On est proche d'avoir un mort. Ca va commencer à bouger quand ils auront un mort sur les bras. Malheureusement, ce sera déjà trop tard", estime-t-il.

Le même jour, un jeune originaire des quartiers nord a reçu deux coups de couteau, devant son lycée situé dans le quartier rival.

"Nous avons demandé une centaine d'hommes". La maire socialiste de Nantes, Johanna Rolland, a donc réclamé jeudi à l'Etat des renforts policiers, dans les jours qui viennent. "J'ai demandé à l'Etat un renforcement exceptionnel des effectifs de police à Nantes (...), à la suite d'un enchaînement d'actes violents inadmissibles, des actes isolés d'une minorité", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse en préfecture de Loire-Atlantique. "Nous avons demandé une unité supplémentaire, soit une centaine d'hommes (...) dans les délais les plus rapides", a-t-elle précisé.