Arrestation de Paul Barril : un "enchaînement malheureux"

Paul Barril, ancien commandant du GIGN, a été impliqué dans de nombreuses affaires controversées
Paul Barril, ancien commandant du GIGN, a été impliqué dans de nombreuses affaires controversées © Reuters
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P. H. avec AFP , modifié à
L'ex-officier de gendarmerie Paul Barril, atteint de la maladie de Parkinson, s'est retranché chez lui, "en état de délire", lundi.

L'INFO. L'ex-officier de gendarmerie Paul Barril, qui s'était retranché lundi matin dans son domicile du cap d'Antibes, seul et armé, "s'est rendu dans le calme, sans incident", après négociations avec le GIPN.

Un problème de santé. Les faits se sont produits dans une petite résidence coquette bordée d'une allée de lauriers roses et d'oliviers, où Paul Barril, 68 ans, se trouvait en compagnie de son épouse et de sa belle-mère. Celle-ci a affirmé avoir alerté les pompiers vers 04h15 lorsque son gendre s'est retrouvé isolé dans une pièce en sous-sol, dans "un état de délire".  Elle a également fait part aux pompiers de "la tendance suicidaire" de Paul Barril et de la présence d'armes dans l'appartement, ce qui a conduit les pompiers à saisir la police.

Le fil "jamais perdu". Une quinzaine d'hommes du GIPN se sont alors rendus sur place, évacuant les voisins et entamant les négociations avec l'ancien capitaine de gendarmerie "qui a demandé à parler à un gendarme". "Le fait qu'une personne se retranche dans un état de délire nous suffit pour intervenir. Mais au vu de sa personnalité et de son expertise, nous avons pris encore plus de précautions", a indiqué le directeur départemental de la sécurité publique Marcel Authier. "A aucun moment, il ne s'est montré menaçant. Nous n'avons jamais perdu le fil avec lui", a cependant détaillé de son côté Gaël Marchand, commandant du groupement des Alpes-Maritimes.

"Plus porté secours que maîtrisé". Après une heure et demie de négociations, les hommes du GIPN ont pu pénétrer dans l'appartement, suivi de Gaël Marchand et de l'épouse de Paul Barril. "Nous l'avons trouvé très affaibli, allongé sur le sol, il a tout de suite été pris en charge par le SAMU et les pompiers, puis hospitalisé vers 09H00. Nous lui avons plus porté secours que maîtrisé", a encore expliqué le patron de la DDSP des Alpes-Maritimes. Un fusil de chasse a par ailleurs été trouvé dans l'appartement.

"Un enchaînement malheureux". Son avocate a tenté d'expliquer la situation, due, selon elle, à "un enchaînement malheureux". "Suite à un ennui de santé, les pompiers ont été appelés. Ils ont constaté la présence d'armes, ce qui a déclenché une espèce de 'tsunami policier'", a raconté Me Sophie Jonquet. "Le GIPN est intervenu et après, ne comprenant pas trop ce qui se passait, les choses ont pris un peu de temps. Les choses se sont terminées naturellement, tout va bien. Paul Barril a été évacué à l'hôpital suite à son ennui de santé", a-t-elle ajouté.

En mars dernier, Paul Barril avait confié être très malade, atteint de la maladie de Parkinson, et sous traitement médical lourd. "Je ne me laisserai pas mettre sur une chaise roulante, j'arrêterai la machine avant", avait-il alors affirmé.

Une aura ternie par les affaires. Le nom de Paul Barril est directement associé à celui du GIGN (Groupement d'intervention de la gendarmerie nationale), qu'il avait co-fondé en 1974 et dont il fut le numéro 2, derrière Christian Prouteau, avant d'en prendre la direction en 1982, remplaçant Prouteau parti à l'Elysée créer la cellule anti-terroriste. Reconverti dans les années 1980 dans la sécurité privée, il a conseillé différents chefs d'États, notamment en Afrique, et plus particulièrement au Rwanda. Durant le premier septennat de François Mitterrand, son nom avait été cité dans l'affaire des Irlandais de Vincennes, sans qu'il soit poursuivi. Dans l'affaire des écoutes de l'Elysée, il avait été condamné en 2005 à six mois de prison avec sursis.