Ados fauchées: la famille porte plainte

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avec AFP , modifié à
La SNCF devrait être poursuivie pour non assistance à personnes en danger.

Non-assistance à personnes en danger. Tel est le motif de la plainte qui sera déposée lundi par la famille contre la SNCF, après la mort de trois Marseillaises fauchées sur l'A7 qui avaient dû descendre d'un train faute de billet.  Les trois jeunes filles avaient été priées de descendre d'un train, faute de billet, en gare de Pierrelatte, à une quinzaine de kilomètres du lieu de l'accident.

"Cette plainte a pour but de mettre en cause l'agent de la SNCF et la SNCF qui auraient dû, s'agissant de personnes sans titre et sans papier d'identité, informer la police, d'autant qu'on avait affaire à des gens mineurs", a déclaré lundi Me Gilbert Collard, avocat des trois oncles des victimes.

Peu avant minuit vendredi, Carmen, 12 ans, Charlotte, 13 ans et Victorine, 19 ans, marchaient seules sur l'autoroute A7, à hauteur de Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans la Drôme. Un patrouilleur de la société d'autoroute a expliqué avoir parlé aux filles avant l'accident, soulignant qu'elles avaient refusé d'obéir à sa demande de se mettre derrière les glissières de sécurité et qu'il avait averti les gendarmes. Elles ont alors été percutées par plusieurs véhicules alors qu'elles traversaient la voie rapide.

Parties sans explications

Les trois jeunes filles étaient parties sans laisser d'explication et sans que cela inquiète leurs parents. Ils ont été entendus dimanche après-midi par la police à leur domicile de la cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille.

Les policiers du commissariat du 15e arrondissement, qui travaillent en étroite collaboration avec les gendarmes drômois, ont saisi des vêtements et affaires personnelles afin d'effectuer des relevés d'ADN pour confirmer leur identité, en raison de la grande dégradation des corps.

"C'était simple de les sauver"

"Mon frère est devenu fou, sa femme est effondrée", a raconté lundi Paco Santiago, l'un des oncles des victimes, ajoutant qu'ils avaient effectué une veillée mortuaire au cours du week-end dans l'attente du rapatriement des corps. Pour lui, "c'est une faute grave de la SNCF". "La moindre des choses, c'est d’appeler la police, sinon demain je fais le tour de France en train sans payer ! On ne voit pas tout le temps trois jeunes filles, dont deux mineures, à 9h du soir. Ces enfants seraient en vie, c'était simple de les sauver", a estimé cet homme de 53 ans.

"Moi à mon avis, comme mes nièces étaient très brunes et typées, dans sa tête de contrôleuse, elle s'est dit : "Encore des Roms, allez on les met dehors". Si elles étaient blondes aux yeux bleus, vous croyez qu'on les aurait fait descendre du train?", a accusé Paco Santiago qui n'était pas en mesure d'expliquer la présence, à pied en pleine nuit sur l'autoroute, de trois de ses nièces.

Il a dit "ne pas trop en vouloir" au patrouilleur d'autoroute, qui leur a demandé de se réfugier derrière la glissière de sécurité, mais a considéré qu'"il faut être plus humain" dans une telle situation même si l'agent n'a pas le droit de prendre un piéton dans son véhicule.