A l'heure de la sieste dans le mirador

Des surveillants de la prison d'Agen sont soupçonnés d'avoir mis en place un système qui leur permettait de ne pas pointer.
Des surveillants de la prison d'Agen sont soupçonnés d'avoir mis en place un système qui leur permettait de ne pas pointer. © MAXPPP
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Des surveillants sont soupçonnés d'avoir mis en place un système leur évitant de pointer.

Des surveillants de prison qui pointent à heure fixe, réglés comme des coucous. Une ponctualité suspecte aux yeux de  l'inspection générale des services pénitentiaires (IGSP) et voilà une enquête qui débute à la maison d'arrêt de Pau. Les investigations ont finalement permis de découvrir le système que les "matons" avaient mis en place pour ne pas avoir à pointer, révèle Sud Ouest vendredi.

Toutes les 30 minutes, à la seconde près

En théorie, lors de leur service de nuit, les surveillants pénitentiaires sont obligés de pointer toutes les demi-heures pour signaler qu'ils sont bien à leur poste et qu'ils ne se sont pas endormis. Mais en examinant les relevés de la badgeuse du mirador de la prison d'Agen, l'IGSP a remarqué que certains surveillants en poste dans le mirador étaient extrêmement ponctuels. Un peu trop même : certains soirs, les pointages avaient lieu toutes les 30 minutes, à la seconde près.

Sur place, les enquêteurs ont en fait retrouvé un appareil qui pourrait avoir servi à pointer automatiquement. Un minuteur assorti de pinces crocodiles a été découvert dans le casier d'un surveillant, par ailleurs représentant de l'un des principaux syndicats pénitentiaires. Interrogé par l'IGSP, il a assuré qu'il s'agissait d'un appareil pour sa piscine. Mais l'IGSP a reçu une preuve supplémentaire : la photo de cet appareil, branché sur la pointeuse du mirador.

Au cours de leur enquête, les "boeufs-carotte" des prisons ont également fait d'autres découvertes. Ainsi, en regardant les images de vidéosurveillance de la maison d'arrêt, ils se sont aperçus qu'un surveillant avait fait rentrer des membres de sa famille dans la prison, sans aucune autorisation.

"Rien à battre"

Ils ont également remarqué des annotations inhabituelles sur les registres de fouille. L'abréviation "RAB" étaient ainsi écrite à plusieurs reprises. Un surveillant a expliqué que cela signifiait "rien à battre".

En attendant les conclusions de l'enquête, l'administration pénitentiaire a déjà entamé des procédures disciplinaires. D'après Sud Ouest, une dizaine de surveillants pourraient être convoqués en conseil de discipline rapidement.