141 jours avant les attentats de Paris, un djihadiste français avait averti la DGSI

Abdelhamid Abaaoud était client régulier du restaurant tenu par ce Français repenti à Raqqa.
Abdelhamid Abaaoud était client régulier du restaurant tenu par ce Français repenti à Raqqa. © DABIQ / AFP
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Anaïs Huet
RÉCIT - A son retour de Syrie, un djihadiste français a affirmé aux enquêteurs de la DGSI qu'une opération d'ampleur allait viser la France ou la Belgique, avec à sa tête un homme qu'il a bien connu : Abdelhamid Abaaoud.

Il ne savait ni où ni quand, mais il était certain qu'un massacre se préparait. Nicolas, 31 ans, est un "repenti". Après seize mois passés en Syrie, ce Français d'origine sud-coréenne avait décidé de rentrer. Les 24 et 25 juin 2015, soit près de cinq mois avant les attentats de Paris, il est auditionné par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Il prétend avoir des informations capitales concernant une attaque en préparation et dont l'Europe est la cible, rapporte le JDD, qui a pu consulter le compte rendu de l'audition.

Dans son restaurant, un client nommé Abaaoud. Pendant l'été 2014 à Raqqa, place forte de l'Etat islamique, Nicolas tenait un restaurant spécialisé dans la cuisine marocaine, que de nombreux djihadistes belges et français fréquentaient régulièrement. Parmi eux, Abdelhamid Abaaoud, le commanditaire des attentats du 13 novembre, tué dans l'assaut de Saint-Denis le 18 novembre. Il vient y déjeuner quotidiennement. Des informations passent. Aux enquêteurs de la DGSI, Nicolas rapporte qu'Abaaoud, surnommé Abou Omar, avait notamment pour mission "d'envoyer des gens partout dans le monde pour faire des actions violentes, tuer ou bien recruter des jeunes, ou pour rapporter des caméras, des produits chimiques pour des armes". Abdelhamid Abaaoud devait par ailleurs présélectionner les "dossiers" des candidats pour de futures attaques terroristes en Europe.

"50.000 euros" pour un terroriste en Europe. Le "cerveau" des attentats du 13 novembre avait reçu "le feu vert" pour un attentat en France ou en Belgique, indique le Journal du Dimanche. "Chaque espion touche 50.000 euros pour faire une attaque en Europe", indiquait Nicolas aux enquêteurs, qui avait rencontré plusieurs Français et Belges prêts à passer à l'acte.

Incarcéré en région parisienne. Après les attentats de Paris, Nicolas est à nouveau entendu par les agents de la DGSI. Là, il reconnaît l'un des terroristes du Bataclan, Samy Amimour, qu'il avait également connu à Raqqa, dans son restaurant. Mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, Nicolas est incarcéré en région parisienne, indique le JDD. Il encourt plusieurs années de prison.