Le journal de l'économie d'Axel de Tarlé

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le rapport Cotis se retourne contre l'Etat. A l'origine, ce rapport avait été commandé par Nicolas Sarkozy pour dénoncer la cupidité des actionnaires, au détriment des salaires. Au final, il montre que ce qui a le plus pénalisé le pouvoir d'achat ces dernières années, c'est la hausse continue des cotisations sociales !

C'est ce qui s'appelle l'effet boomerang. A l'origine, pensait-on : si les salaires n'augmentent pas, c'est la faute des actionnaires qui en veulent toujours plus ! C'est, en tous les cas, ce qu'on attendait de ce rapport Cotis qui est remis aujourd'hui à Nicolas Sarkozy et qui montre que... Pas du tout ! Si on regarde l'ensemble des richesses produites en entreprises, et pas seulement les bénéfices. Quand une entreprise crée 100 euros de richesses, les deux tiers partent en salaire, et cette part n'a pas bougé depuis 20 ans ! Ce n'est pas vrai partout. Effectivement. En Allemagne, aux Etats-Unis, les salariés ont été mis au régime sec. Mais pas en France ! La part des salaires dans la "valeur ajoutée", comme on dit, (c'est-à-dire dans la richesse créée), cette part n'a pas diminué.

Alors, d'où vient le malaise ? Pourquoi, effectivement, a-t-on l'impression d'un tassement général des salaires ? Réponse : c'est la faute de l'Etat, des cotisations sociales qui ont terriblement augmenté. En 1970, quand un patron dépensait 100 euros en salaire, 71 arrivaient dans les poches du salarié. Aujourd'hui, c'est 59. C'est ce qu'explique le rapport Cotis : la France a fait le "choix d'une protection sociale de haut niveau". D'où une "croissance extrêmement faible" du salaire net. Car la Sécurité sociale est financée par les cotisations salariales. Ce sont toutes ces lignes sur la fiche de paye, entre le salaire brut et le salaire net. Et ces lignes sont de plus en plus nombreuses.

Du coup, les organisations patronales en profitent pour passer à l'offensive : il serait peut-être temps de financer la Sécu en s'appuyant sur d'autres taxes, comme la consommation par exemple. C'est la TVA sociale. Bref, c'est le plein effet boomerang. Au départ, ce rapport devait condamner le grand capital. Finalement, il est en train de rouvrir le dossier explosif du financement de notre sécurité sociale ! Qui va payer pour nos retraites, notre santé ? Faut-il taxer toujours plus le travail en France ? Une question d'autant plus aigue que la Sécurité sociale doit afficher, rien que pour cette année, un trou de 15 milliards d'euros !