L'édito politique de Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Les dessous du remaniement

MOF : L’édito politique d’Europe 1, bonjour Claude Askolovitch. Il faut de l’audace réformatrice mais il faut aussi être prudent quand on parle aux journalistes ! C’est le message de Nicolas Sarkozy à ses nouveaux ministres. Le sarkozysme va devenir une école de sobriété ?

C.A : On verra si ça tiendra. Mais l’intention est déjà un signe politique. Il y a une vraie marque de changement, c’est la fin du jeunisme. On prenait quelqu’un de parfaitement inconnu qui devenait une star du gouvernement. Le nouveau trentenaire du gouvernement, Benoit Apparu, c’est un pur politique et un grand ambitieux. Mais Sarkozy le fait entrer à un poste technique, le logement où il va bouffer du dossier, et il n’aura pas vraiment l’occasion de briller ou de jouer perso. L’autre nouvelle, Nora Berra, c’est un médecin venu de Lyon, on lui a donné les personnes âgées .C’est utile, mais ce n’est pas glamour pour un sou. Prenez enfin deux jeunes qui étaient au gouvernement .Wauquiez et Châtel. Wauquiez a été un élève brillant qui s’est fait remarquer. Mais il en a trop fait. Notamment en attaquant Total. Il n’a pas de promotion. Châtel, lui, a été sobre et appliqué parfois tragiquement langue de bois. On lui donne l’éducation.

MOF : Donc, juste avant les grandes vacances, c’est la fin des enfants gâtés ?

C.A : C’est la leçon de deux ratages. Rachida Dati et Rama Yade qui ont été l’incarnation même du “tout est possible tout de suite et pour n’importe qui”. De ces ratages, le vrai responsable s’appelle Nicolas Sarkozy. C’est lui qui les a valorisés, c’est lui qui leur a énormément donné. C’est lui qui les a regardés devenir à la fois populaires et incontrôlables. Ca serait à refaire, Dati ne serait pas devenu garde des sceaux, elle aurait été secrétaire d’état ou député, on lui aurait construit une carrière tranquillement. Et on n’aurait pas laissé Rama Yade rentrer dans une espèce de compétition médiatique avec son ministre de tutelle. Maintenant, Sarkozy reprend le travail à zéro. Il demande à Dati de devenir un vrai député européen. Et Rama Yade va devoir réapprendre le métier aux sport et avec une vraie patronne ! Roselyne Bachelot qui est une fausse excentrique. C’est une très bonne école les sports. Pare que c’est un univers très compliqué, très codé, qui ne veut surtout pas qu’on le prenne à la légère. Dans le foot, les futures stars commençaient par porter les ballons et par nettoyer les chaussures des grands anciens.

MOF : Si on comprend bien, Nicolas Sarkozy devient un entraineur de foot à l’ancienne.

C.A : Et le centre de formation, c’est la marque des grands clubs. Nicolas Sarkozy, il essaie de garder sa ligne. Il faut changer ce pays mais il fait aussi construire des générations politiques. Le modèle, c’est Mitterrand. Tous ceux qui ont fait vivre la gauche depuis 20 ans, ont été ses jeunes pousses. Jospin Fabius Royal Aubry Strauss-Kahn…. Le président les élevait à la dure parce que la politique, c’est un métier. Si vous cherche quelque chose de Mitterrand chez Sarkozy, c’est dans ce respect pour le métier politique que vous le trouverez. Beaucoup plus que dans la nomination d’un neveu à la fois très compétent et trop médiatique.