L'édito politique de Claude Askolovitch

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, propagande ou avancée européenne ?

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy veulent une “Europe forte et qui protège”, ils l’ont écrit dans une tribune publiée en France et en Allemagne. Hier François Hollande qualifiait ce texte de tract CDU-UMP. Alors, c’est de la propagande électorale ou une avancée pour l’Europe ?

C’est de la politique Patrick ! Donc c’est à la fois un texte de fond et un acte militant. Le tract, c’est le B.A.-ba du militantisme et ça n’a rien de honteux.
En plus, quand vous avez un tract signé du chef de la droite française et de la patronne de la droite allemande, ça vaut la peine de le lire. Ce texte, c’est la synthèse des conservateurs européens aujourd’hui. Et ce que disent Merkel et Sarkozy c’est que le libéralisme est bien mort. Ce n’est plus une valeur revendiquée par la droite. L’idée centrale, c’est l’idée de la protection et notamment de l’industrie européenne dans les négociations commerciales mondiales, et dans les négociations climatiques. L’Europe va être une bonne élève de ces négociations mais elle ne doit pas être pénalisée parce qu’elle se comporte bien !
Nicolas Sarkozy explique que ce texte est un engagement pour la taxe carbone, une taxe aux frontières pour pénaliser les produits les moins verts. C’est donc l’acceptation d’un principe de protectionnisme européen, ça valait bien un tract !

Donc concrètement, la France et l’Allemagne vont défendre une taxe carbone au niveau européen ?

C’est ce que dit le président français quand il explique son propre texte. On aura une réponse très vite, après les élections. Ca sera le vrai test, à la fois de la sincérité des auteurs, mais aussi de la force de l’union franco-allemande dans l’Europe. On avait beaucoup insisté sur le divorce franco-allemand au début de la crise, les malentendus entre le trop rapide Monsieur Sarkozy et la trop lente Madame Merkel. On a dépassé ces anecdotes. On n’a peut-être pas le retour du beau roman De Gaulle-Adenauer, ou Mitterrand-Kohl mais c’est encore plus intéressant. On a un pacte d’intérêt mutuel : Sarkozy et Merkel veulent être vus ensemble, ils veulent être lus ensemble et ils veulent décider ensemble des grandes orientations.
C’est une prise du pouvoir en Europe. On a Sarkozy et Merkel qui disent au reste de l’Union, l’Europe, c’est nous. Ou : c’est nous d’abord. Et ils le font sur des valeurs : la régulation et la protection qui existent à droite comme à gauche.

D’après vous, l’appel Sarkozy-Merkel peut décider les gens à voter dimanche prochain ?

Si ce genre de texte provoque du débat, si ça motive à droite, ou par réaction à gauche contre ces leaders conservateurs qui veulent accaparer la régulation, pourquoi pas ? Mais en même temps, il y a une contradiction -toujours la même- les électeurs n’arrivent pas à se passionner pour le Parlement européen parce que l’Union reste d’abord l’action des chefs d’Etat et de gouvernement. Avec ce texte, on a un nouvel exemple ! Evidemment, Merkel et Sarkozy appellent à voter le 7 juin et Nicolas Sarkozy explique qu’il n’aurait jamais fait passer le paquet climat énergie sans les eurodéputés, mais on continue de braquer les projecteurs vers le haut.