Le thon rouge interdit d’ici à 18 mois

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
La France est favorable à l’interdiction du commerce international du thon rouge.

Cela fait un mois que la décision était attendue… La France a enfin choisi et se dit pour l’interdiction du commerce international du thon rouge, au nom de la protection de l'espèce. Toutefois, cette mesure ne devrait pas prendre effet avant 18 mois "pour permettre de nouvelles expertises scientifiques et peaufiner un plan de sortie des flottes" de thoniers, afin de réduire les capacités de pêche, selon une source gouvernementale.

"C'est une décision lourde (...) mais nécessaire", a assuré le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

Sarkozy l'avait annoncé

A l'issue du Grenelle de la Mer, Nicolas Sarkozy avait annoncé en juillet au Havre, au nom du "respect des avis scientifiques rendus", que la France soutiendrait "l'inscription du thon rouge à l'annexe de la Convention internationale sur les espèces sauvages, pour en interdire le commerce", soit l’annexe I.

Le but d’une inscription à l’annexe I serait de couper la route au marché japonais, acquéreur de plus de 80% des prises effectuées en Méditerranée pour la confection des sushis et prêt à le payer à un prix d'or : un thon rouge de 232 kilos a été ainsi vendu 122.000 euros, la première semaine de janvier à Tokyo, soit plus de 500 euros le kilo.

Et en Europe ?

L'Union européenne attendait la décision française pour décider si elle recommande ou non, au niveau communautaire, l'interdiction du commerce du thon pour protéger le stock. Les pays riverains de la Méditerranée s'y étaient opposés en septembre dernier, mais un revirement français serait décisif pour l'emporter, compte tenu du nombre de voix (29) dont dispose Paris (autant que l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie) pour l'adoption de cette mesure à la majorité qualifiée (255 votes sur 345).

Menacé par la surpêche en raison de la vogue des sushis, le thon rouge pourrait être inscrit dès mars, lors de la réunion de la CITES à Doha, à l'annexe 1 de la Convention de l'ONU sur le trafic des espèces menacées (CITES), synonyme d'interdiction du commerce international pour tous.

200 bateaux concernés

En France, la pêche au thon rouge concerne environ 200 bateaux et un millier de marins qui doivent se partager en 2010 un quota de 2.019 tonnes, le plus important en Europe, auxquels s'ajoutent un millier d'emplois à terre. La France pêche un peu moins de 20% du total des prises de thon rouge en Europe, ce qui la place au premier rang de l'UE. 90% de son quota est réalisé par les senneurs - de gros navires spécialisés qui ne naviguent qu'en Méditerranée - et pratiquent une pêche industrielle. Leurs prises sont revendues vivantes à des fermes marines (en Espagne, à Malte, en Tunisie ou en Turquie) où les thons sont engraissés avant d'être revendus au Japon.

Les volumes des captures, selon l'Ifremer, excèdent largement les taux autorisés et le potentiel de reproduction du stock. Ce dernier a baissé en Méditerranée de 74,2% de 1957 à 2007 - dont 60,9% au cours des dix dernières années. Dans l'ouest de l'Atlantique, ils ont même plongé de 82,4% de 1970 à 2007, selon la principauté de Monaco qui a déjà réclamé une protection internationale de l'espèce.