Lydia Lecher : "On donnait à manger au personnel les restes pourris"

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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Gouvernante pendant 15 ans des plus grandes familles, Lydia Lecher raconte sous couvert d'anonymat le quotidien rocambolesque de ces nantis.

Perruque et lunettes de soleil. Invitée dans la matinale d’Europe 1 mercredi matin, Lydia Lecher (pseudonyme)  ne veut pas être reconnue pour "préserver sa famille et sa vie privée". Si elle prend ces précautions, c’est que pendant quinze ans elle a été la gouvernante de banquiers, de châtelains et de grands noms de la mode. Elle sort aujourd’hui un livre « Bienvenue chez les riches » (Michel Lafon) dans lequel elle raconte tout de leurs lubies et de ce que doivent endurer les invisibles.

 >> L’essentiel de l’interview :

Des restes pourris. Première exemple : chez ceux que l’ancienne gouvernante  appellent "les vilains" et qui vivent près de Montpellier, on faisait manger les restes des dîners pourris au personnel. "Chez les vilains, il était de coutume que les restes partent dans un frigo. Et dans ce frigo, ils laissaient avarier les aliments et ils pouvaient décider au bout de dix jours de les redonner au personnel", raconte Lydia, soulignant que pour les deux personnes, "il y avait un festin à préparer tous les jours comme si ils étaient quinze".

Le jeu du "Petit Poucet". Parmi les lubies dont Lydia a été témoin, il y avait celle du "Petit Poucet". Une de ses patronnes s’amusait à cacher des indices, sous forme de feuilles d’arbre ou noyaux de cerises, dans les endroits les plus improbables. "Quand on ne trouvait pas, il fallait recommencer", se rappelle-t-elle.

Une forme de harcèlement. L’ancienne gouvernante reconnait que "cela peut être une forme de harcèlement". "Quand on est dans ce métier-là, le goût du service est poussé jusqu’à l’extrême, parce qu’on sait qu’ils sont très exigeant. On est contraint mais on sait que c’est le métier qui veut ça pour ces gens-là", explique –t-elle. D’autant plus que cela s’accompagne d’un confort financier : 4500 euros net pour elle et son mari. Mais pour Lydia cela ne suffit pas à tout accepter : "Il y a un certain confort financier, c’est un fait, mais après il faut voir l’aspect humain.  On ne peut pas tout accepter au prix de l’argent", souligne-t-elle.