Chèques, l’exception française et Corruption et crise au sommet en Corée du Sud : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2016 - 2017

Axel de Tarlé, Géraldine Woessner et Sophie Larmoyer font le point sur l'actualité du jour.

 

Axel de Tarlé, expert économie

Le gouvernement veut ramener de un an à six mois la validité du chèque.
On n'aura donc plus que six mois pour encaisser un chèque contre un an aujourd'hui.

Un nouvel amendement en ce sens, a été introduit à la Loi "Sapin 2" qui sera discutée aujourd'hui au Sénat.

Pourquoi réduire la validité du chèque ? Le Gouvernement veut tuer le chèque ?

Il ne le dit pas comme ça, il dit qu'il veut "favoriser l'utilisation de moyens de paiement alternatif", plus rapide et plus sûr. Le chèque risque toujours d’être en bois ou d’être un faux.
La France est une exception en Europe car les deux tiers des chèques en Europe, sont émis par les Français.
En moyenne en France, trois chèques sont émis par mois et par Français soit un tous les dix jours.
En Allemagne, il n’y a pas de chèque.

Mais qu'est-ce que ça change de réduire la validité de un an à six mois ?

C'est une façon de réduire sa portée et sa valeur même si concrètement, ça ne change pas grand-chose.
C'est pour cela que les députés ont rejeté dans un premier temps cette mesure. Des propriétaires de chambres d'hôtes (par exemple) ont des réservations plus de six mois à l'avance. Avec des chèques donc, qu'il faut garder plus de 6 mois avant de les encaisser.

Comment faire ? On va tous devoir se mettre au virement bancaire ?

C'est l'idée ou les artisans vont devoir tous s'équiper de lecteurs carte bancaire. qui sont payants puisqu’il faut les louer à la banque.

 

Sophie Larmoyer, experte internationale

Voilà un peu plus d’une semaine qu’un feuilleton incroyable agite la Corée du Sud, au plus haut sommet de l’État. La présidente est au cœur d’un scandale majeur, elle aurait été conseillée par une amie, une confidente de l’ombre, une sorte de gourou.

Cette histoire, c’est mieux qu’un film ! Dans les rôles principaux : Park Geun-Hye, la présidente de 74 ans et cette confidente de 60 ans, Choi Soon-Sil, que les médias coréen surnomment "Raspoutine".
Cette femme est poursuivie par la justice pour fraude et abus de pouvoir : elle aurait utilisé son amitié avec la présidente pour extorquer des sommes faramineuses à de grands groupes coréens, comme Samsung sous couvert de fondations bidons. On parle de plusieurs dizaines de millions de dollars.
Mais beaucoup plus embêtant : cette Mme Choi a une influence démesurée sur la présidente Mme Park. Elle corrigeait ses discours, lisait les briefings confidentiels de la présidence sur des ordinateurs non cryptés et était véritablement consultée sur des affaires d’État, jusqu’à obtenir la tête de ceux qui la trouvaient trop encombrante.

Il y a un secret qui lie ces deux femmes pour que l’une ait tant d’influence sur l’autre.

Mais oui. Petit flash-back : retour aux années 70. Park Gueun-Hye est alors la fille du dictateur qui dirige le pays. En 74, elle a 22 ans quand sa mère est assassinée par un espion nord-coréen, qui a raté son coup puisqu’il visait le père. Et la jeune fille tombe sous la coupe d’un gourou, qui dirige une secte et lui dit que l’esprit de sa mère lui parle. Déjà à l’époque, cet homme exploite cette relation pour amasser une fortune et il lui présente une de ses filles, dont il affirme qu’elle a hérité de ses pouvoirs chamanique. Et voilà, ça fait 40 ans que Soon-Sil, la fille du gourou devenue elle-même gourou est très proche de celle qui est aujourd’hui la présidente coréenne.

Bon et maintenant, que se passe-t-il ? La présidente Park va démissionner ?

Elle a fait des excuses publiques, en minorant le rôle de son gourou, sa côte de popularité s’est écroulée sous les 15%. Mais pour l’instant, c’est surtout elle qui a limogé : des conseillers, et hier son Premier ministre et deux autres ministres. L’opposition dénonce un écran de fumée. La présidente est décrédibilisée aux yeux des Coréens, qui en politique ont l’habitude des histoires de la corruption, mais beaucoup moins des esprits.

Elle a vraiment eu accès à des informations potentiellement sensibles, cette "Raspoutine" ?

D’après les médias, oui notamment sur la Corée du Nord. D’ailleurs, les esprits lui auraient dit que le régime de Pyongyang allait s’effondrer en 2017 et les Coréens se demandent aujourd’hui si la présidente n’a pas fondé sa politique, très intransigeante, sur cette "divination" loufoque.

 

Géraldine Woessner pour le Vrai faux de l'info

Le Vrai-Faux de l’Info avec l’optimisme radieux de la ministre de la Santé.

Marisol Touraine qui se félicite d’avoir redressé les comptes de la Sécu et équilibré les retraites. Pour elle, le débat est clos :

Marisol Touraine : "La droite dit qu'il va falloir travailler plus longtemps alors que les retraites sont à l'équilibre".

Pas besoin de travailler plus longtemps puisque les retraites sont à l’équilibre, c’est vrai ou c’est faux ?

C’est faux. Les retraites des Français ne sont pas à l’équilibre. D’abord parce que les prévisions de Madame Touraine pour cette année sont basées sur une croissance optimiste, 1,5%, or on sait, l’Insee l’a confirmé, qu’on ne les atteindra pas. L’équilibre pour l’instant est donc hypothétique. Mais surtout, Madame Touraine ne parle que d’un partie des retraites, celles du régime général des salariés, qui ne représentent que 38% de toutes les pensions. Si ce régime général va mieux, c’est aussi parce qu’il ne prend pas en compte le fonds de solidarité vieillesse, qui verse les compléments au plus démunis et qui est en déficit de quatre milliards. La majoration pour enfants à charge n’est pas non plus prise en compte, ces 10% que l’on touche en plus quand on a élevé trois enfants et qui représente près de cinq milliards de dépenses en 2016 qui ont été transférées, il y a plusieurs années, à la branche famille. Donc si l’on regarde honnêtement les comptes du régime général, non, on ne peut pas dire qu’ils soient à l’équilibre.

D’autant moins qu’il ne représente que 38% de toutes les retraites.

Effectivement, c’est tout un pan du système que la ministre oublie. Les retraites complémentaires des cadres et des salariés par exemple, sont en déficit, de plus de trois milliards. Celles des fonctionnaires, où l’État compense la baisse du nombre d’actifs en payant lui-même 74% des cotisations des civils et 126% de celles des militaires, ce qui veut dire que les trois quarts des pensions sont payés, par l’impôt, prélevées sur le budget qui est en déficit.
Reste enfin la grosse part, des régimes spéciaux : SNCF, RATP ou les Marins, en déficit chronique, 6,3 milliards millions cette année. Mais cela n’apparaît pas dans les comptes de la sécu, c’est prélevé, sur le budget. Donc oui, la situation des retraites s’est améliorée, du fait essentiellement de l’allongement des durées de cotisations votées en 2010 et de la hausse des prélèvements, mais le régime dans son entier reste bien dans le rouge et cela promet de durer au vu de l’évolution démographique.