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SAISON 2018 - 2019, modifié à

Ce samedi, Catherine Nay revient sur la démission du Nicolas Hulot et évoque une "rentrée meurtrière" pour Emmanuel Macron.

Ça se complique pour Emmanuel Macron. La croissance ralentit, le chômage ne baisse pas, le pouvoir d'achat stagne, Hulot démissionne.. La rentrée est difficile pour le Chef de l'Etat.

C'est une rentrée meurtrière pour Emmanuel Macron. Mais il faut dire que c'est lui qui tient le couteau. La démission de Nicolas Hulot, sa faute est ne l'avoir pas vu venir, alors que depuis des mois, tout le monde se doutait qu'elle était imminente, évidente. Chaque interview du ministre n'était que plainte et douleur.

Il nous avait fait rêver avec Ushuaïa. Mais il n'était pas à sa place au gouvernement, parce que trop radical, trop maximaliste, surtout trop fragile. C'était juste un bon coup de com pour Emmanuel Macron. Nicolas Hulot a présenté sa démission à Léa Salamé. La goutte d'eau aurait été la présence à l'Elysée du chasseur lobbyiste qui n'est pour rien dans le réchauffement climatique.

Durant l'été, Brigitte Bardot l'avait qualifié de "trouillard de 1ère classe qui ne sert à rien", ce qui a dû le blesser, bien sûr. Le 2 août, le ministre star avait appelé une journaliste de Libé, Coralie Schaub, pour lui faire part de son "putain de dilemme" : "Soit je m'en vais, et ce sera bien pire. Soit je reste, il n'y aura pas de grand soir", ajoutant "partir pendant l'affaire Benalla, c'est inaudible". Donc il avait choisi son moment, l'heure de la rentrée, pour être sûr de son retentissement.

Et il est parti en couvrant de fleurs Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Des fleurs, vous l'avez compris, un bouquet de chrysanthèmes, puisqu'à la journaliste de Libé, il dit que "ces deux-là n'ont toujours pas compris l'essentiel".

Je dirais qu'à la fois ce départ affaiblit Macron, mais le libère aussi parce qu'on ne peut pas travailler durablement au gouvernement avec un ministre-symbole qui a trop d'états d'âme, dont on se demandait chaque semaine s'il reviendra de Bretagne le lundi. 

"Si je pars, 15 jours après, on aura oublié". Et là, c'est Hulot lui-même qui l'a dit à Libé. On verra...

Mais pourquoi dites-vous que c'est Macron qui tient le couteau ?

Parce que c'est lui qui déclenche les polémiques, qui fabrique les couacs, comme s'il ne maîtrisait plus son expression. Vanter, à Copenhague, les Norvégiens, peuple luthérien qui aime la réforme, contrairement aux Gaulois réfractaires, sur le fond ça n'est pas inexact. Avant lui, Jules César, De Gaulle, Alain Peyrefitte et même Alain Duhamel ont dit la même chose. Ça se voulait un clin d’œil humoristique.

Mais est-il vraiment judicieux de dire cela à l'étranger, à un moment où il n'a pas intérêt à alimenter un procès en mépris que lui font les Français, qui n'ont pas oublié d'avoir été "des fainéants, des gens qui ne sont rien". Dire aussi que le vrai Danois n'existe pas car il est déjà Européen, c'est oublier un peu vite que le pays a voté non au Traité de Maastricht et a gardé sa monnaie, la couronne, et refusé l'euro. Là, la pensée complexe est un peu confuse.

Et puis il y a les cafouillages sur le prélèvement à la source.

Sujet hautement inflammable. Alors que Gérald Darmanin assurait sur Europe 1, sans l'ombre d'un doute, que les Français paieraient leur impôt à la source en janvier 2019, voilà qu'en Finlande, le Président brisait cette certitude en déclarant : "J'ai besoin d'une série de réponses très précises". "Nous ferons le point dans les prochains jours", a ajouté Edouard Philippe au JDD, comme si le travail de Bercy n'était pas encore finalisé, ce que disent beaucoup d'économistes. Et des élus en Marche craignent les effets psychologiques négatifs de la réforme. Alors le doute s'installe : y aura-t-il report, ou annulation ? Ce qui, en matière de com, est très anxiogène.

Dernière polémique : la nomination de l'écrivain de Philippe Besson au poste de Consul général à Los Angeles.

Ça n'est pas la 1ère fois qu'un écrivain est nommé ambassadeur. De Chateaubriand, à Daniel Rondeau, en passant par Jean-Christophe Ruffin. "Ça n'est pas du copinage", assure le Président. Sauf que Philippe Besson est un ami du couple et ne s'en cache pas. Il a publié il y a un an un livre ébloui, sur la conquête du pouvoir du jeune Macron. Donc sa nomination, dans le contexte économique et social actuel, ressemble à du favoritisme, donne l'image d'une caste qui distribue les faveurs.

Le nouveau monde vient de prendre un coup de vieux. Il aurait pu attendre des jours meilleurs !