Didier François revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
C'est donc vers 22 heures, hier soir, que le président Erdogan a revendiqué sa victoire, une réélection avec presque 53% des voix malgré des accusations de fraude lancées par l'opposition.
Oui, on peut effectivement visionner sur les réseaux sociaux des vidéos filmées par des assesseurs de l'opposition, qui montrent quelques bourrages d'urnes réalisés par des apparatchiks zélés du parti au pouvoir. Mais honnêtement, ce n'est que l'écume des choses. La réalité du rapport de force politique en Turquie, et c'est important de le comprendre, c'est que Erdogan est réélu dès le premier tour avec que le taux de participation était de presque 90%. Un meilleur score que lors de sa dernière élection en 2014. Après 15 années de pouvoir ça ressemble quand même furieusement à un plébiscite.
Il suffit d'ailleurs de regarder une carte des résultats et c'est frappant. On a une petite bande rose, le long de la côte méditerranéenne, qui correspond aux bastions de l'opposition social-démocrate, en fait les grandes villes occidentalisées de l'ouest du pays. De l’autre côté, dans les montagnes de la frontières irako-syrienne, vous avez, en jaune, un ghetto irrédentiste, la poche kurde. Et sur tout le reste du pays cette immense tâche verte qui forme masse, la Turquie profonde, conservatrice, religieuse, beaucoup plus tournée vers l'Orient que vers l'Europe. Et qui fournit les gros bataillons du parti islamiste d’Erdogan.
De nombreux spécialistes de la Turquie avaient pourtant l'air de dire que cette fois-ci l'opposition avait une chance d'aller au second tour,
Oui, en prenant un peu leurs désirs pour des réalités. C’est vrai que l'opposition est loin d'avoir fait mauvaise figure, avec un score de 30%, malgré la répression terrible depuis le coup d'Etat raté de juillet 2016. Mais la vérité c'est que le discours ultra nationaliste, conservateur et religieux, martelé par Erdogan durant toute sa campagne, c’est un discours qui plait.