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Chaque samedis et dimanches, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine. Ce 9 septembre, il explique pourquoi il a apprécié que l'État vende une partie de ses actions dans le groupe Engie.

Engie est un leader mondial de l'énergie issu de la fusion entre Suez et GDF, une entreprise publique. L'État possédait encore 30% du capital de cet ensemble et il vient d'en céder un peu plus de 4%, ce qui va lui rapporter 1,5 milliard d'euros. Une bonne opération sur le plan capitalistique qui en annonce d'autres. Édouard Philippe, le Premier ministre, s'est engagé à faire pour 10 milliards d'euros de privatisation.

Sait-on quelles entreprises seront concernées ?

Il y a les cibles classiques dans lesquelles l'État est déjà passé en dessous du seuil des 50%, donc là où il n'est plus majoritaire et où il peut encore céder des parts. C'est le cas d'Engie, d'Orange, de Renault, de PSA, d'Air France, d'Airbus... de beaucoup de grandes entreprises cotées en bourse ou non.

Au total, l'État possède des participations directes dans 81 entreprises, parfois majoritairement comme pour EDF, parfois il s'agit d'une infime part. Par exemple, il possède 1,1% de CNP Assurances. Dans toutes ces sociétés, il est possible de vendre des actions - en fonction de l'état de santé de l'entreprise. Pour EDF par exemple, qui traverse une phase difficile, ce n'est pas un très bon moment pour vendre.

L'élément stratégique pèse aussi dans la décision

Encore faut-il s'entendre sur ce qu'est une "participation stratégique". La question s'était posée lors de la cession de plusieurs aéroports en région comme à Toulouse. Cette fois-ci, c'est Aéroports de Paris qui pourrait être vendu par l'État et la polémique sur l'aspect stratégique de cette entreprise reprendra certainement. À tort, de l'avis de Nicolas Beytout. Car un aéroport est non-délocalisable, on ne peut pas piller ses actifs matériels et l'État a tous les pouvoirs de police nécessaires pour imposer un cahier des charges à quiconque en deviendrait actionnaire.

Ce serait bien d'en finir avec cette obsession française du contrôle par l'État de certaines entreprises. Une obsession a qui poussé récemment le gouvernement à promettre de nationaliser les chantiers navals STX. Pendant longtemps, on a par exemple considéré que la Française des Jeux (FDJ) devait rester une entreprise publique parce que les jeux d'argent sont une activité où il peut y avoir du recyclage d'argent sale et de la fraude... Ce qui est en train de changer puisque l'État a finalement mis à l'étude la privatisation de cette "vache à lait" tout en garantissant un certain nombre de règles de bonne exploitation des jeux.

De même Orange serait-il en danger si l'État n'en possédait que quelques pourcents ? Non, répond Nicolas Beytout. Il y a quelques années, madame Thatcher avait massivement désétatisé la Grande-Bretagne et elle avait ainsi privatisé de nombreuses entreprises hautement stratégiques. Elle y avait seulement conservé une action, dite "en or", qui donnait à son gouvernement un pouvoir particulier de contrôle sur les grandes orientations des entreprises concernées. "Un excellent système", estime l'éditorialiste. Quand on sait que les participations de l’État français dans des entreprises valent entre 90 et 100 milliards d’euros, on se dit que ne prévoir que 10 milliards d'euros de privatisations, c’est un peu court.