Une crise "plus grave qu’on ne le dit"

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Face à l'ampleur de la crise, Jacques Attali s'attend à un troisième plan de rigueur.

"Quelle est la conséquence de la baisse d’une notation ? C’est le fait qu’on emprunte plus cher. On emprunte déjà comme si nous n'étions plus triple A mais simplement double A", a estimé Jacques Attali, vendredi matin sur Europe 1, au lendemain de l’erreur de l’agence de notation Standard and Poor's, qui a envoyé jeudi à certains de ses abonnés un message indiquant que la France avait perdu la note AAA.

Si l’agence de notation c’est trompée, c’est, aux yeux de l’essayiste et président de PlaNet Finance Jacques Attali, juste une question de timing : "peu importe (cette erreur, ndlr), c’est symbolique, c’est un peu comme un journal qui publie une fausse nouvelle, se reprend, puis après on apprend que la nouvelle était vraie".

"La situation est beaucoup plus grave qu’on ne le dit"

Cette fausse annonce n’est pas une surprise pour l’ex-président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) : "je le dis depuis longtemps que cette menace est là : je disais au mois d’août que si le budget 2012 n’était pas extrêmement crédible, la note était menacée".

"D’ailleurs, une des agences l’avait déjà dit", a rappelé Jacques Attali :

"L’intérêt du pays aujourd’hui, c’est de comprendre que la situation est beaucoup plus grave qu’on ne le dit", a-t-il poursuivi. "Si on avait fait un budget 2012 beaucoup plus sérieux maintenant et non à trois étages, comme le prochain (plan de rigueur) qui arrivera forcément, on n’en serait pas là", a conclu Jacques Attali.

Union européenne : franchir une étape

La solution à la crise actuelle passe, à ses yeux, par l’Union européenne. "Il faut franchir une étape complètement nouvelle dans l’intégration européenne, sinon l’euro n’existera plus, et je pense même dès l’année prochaine l’euro sera menacé", a-t-il déclaré, avant de lancer : "si on n’a pas d’étage fédéral, l’euro disparaitra. C’est une évidence logique".

Jacques Attali "enrage qu’on ne l’utilise pas" la solution fédérale, surtout avec "cette chance inouïe qu’a l’Europe qu’en tant qu’entité juridique, de ne pas avoir de dette, qui fait qu’elle a le joker qu’aucune autre zone n’a, ni les Etats-Unis, ni le Japon, ni la grande Bretagne. On finira par l’utiliser mais peut-être, comme toujours, trop tard".