Une conférence sociale, dans quel but ?

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Sophie Amsili avec Olivier Samain et Camille Langlade , modifié à
3'CHRONO - Réforme des retraites et lutte contre le chômage seront au menu des discussions mais le ton a changé.

La conférence. Après celle de juillet 2012, le gouvernement organise jeudi la deuxième conférence sociale qui doit permettre de réunir tous les protagonistes du dialogue social pendant deux jours dans une même enceinte, en l'occurrence le Palais d'Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental, à Paris. Objectif : établir la feuille de route sociale de l'an II du gouvernement, qui doit regrouper tous les chantiers sociaux à engager dans les mois à venir.

Comment se déroulera la conférence ?  La première étape est une réunion à huis-clos, jeudi matin, pendant trois heures, entre François Hollande et les dirigeants des huit organisations patronales et syndicales représentatives. Officiellement, ils discuteront ensemble de démocratie sociale. Officieusement, il s'agit surtout de prendre la température, c'est-à-dire d'évaluer les positions de chaque partenaire sur les différentes réformes à venir.

François Hollande prononcera ensuite un discours inaugural qui donnera le coup d'envoi d'un jour et demi de tables rondes. Six s'enchaîneront jeudi après-midi et dans la journée de vendredi. Elles seront chacune dirigées par un ministre pour explorer des thèmes comme l'emploi et la formation professionnelle, les conditions de travail, les filières et les emplois de demain, l'avenir des retraites et de la protection sociale, la modernisation de l'action publique et la relance de l'Europe sociale.

Vendredi soir, ce sera la remise des copies. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault présentera dans son discours de clôture une ébauche de la feuille de route pour les douze mois à venir.

Pourquoi cette conférence sera différente de la première ? La première conférence sociale de juillet 2012 s'était ouverte dans un climat de bonne entente et d'enthousiasme de la part des partenaires sociaux, alors que les Socialistes récemment arrivés au pouvoir promettaient de rompre avec la méthode Sarkozy en renouant avec le dialogue social. Cette année, le contraste promet d'être fort : la France est officiellement en récession, le taux de chômage a atteint des records et les récentes annonces, comme le gel des salaires des fonctionnaires en 2014, ont suscité l'opposition de syndicats. Ces derniers sont, de plus, davantage divisés cette année : la CFDT et la CGT sont ainsi en froid depuis l'accord sur l'emploi du 11 janvier, signé par la première et combattu par la seconde. Le climat sera plus "tendu", a jugé Laurent Berger, numéro un de la CFDT, "le ton sera plus dur que l'an passé", selon le leader de FO, Jean-Claude Mailly. Il sera "peut-être plus animé" avec "plus  de débat", a reconnu plus prudemment la ministre de la Réforme de l'Etat et de la Fonction publique Marylise Lebranchu, alors qu'un conseiller proche du pouvoir a clairement dit que cette deuxième conférence serait "moins sexy" que la première. Invité sur Europe 1 mercredi soir, Thierry Lepaon, leader de la CGT, a d'ailleurs prévenu que certaines mesures "dans le cadre du tournant que le gouvernement est en train d'opérer", vont "contraindre" le syndicat "à être assez rapidement dans l'affrontement et dans l'opposition".

L'Elysée pose les limites. "Il s'agit d'une concertation, pas d'une négociation", cadre d'emblée un proche de François Hollande. Si le président compte sur cette conférence pour déminer le climat tendu, pas question de se laisser dicter la conduite par les syndicats, qui ont d'ailleurs vu leur tête changer ou sur le point de l'être pour les principaux (CGT, CFDT et Medef). L'Elysée a d'ailleurs déjà tracé la ligne rouge à ne pas dépasser : les régimes spéciaux et l'âge légal.

Quels seront les plus gros dossiers ?

- La réforme des retraites, mais…

La réforme des retraites est dans tous les esprits. Il y aura ainsi une table ronde sur le sujet présidé par Marisol Touraine, qui permettra aux syndicats et au patronat de redonner leur position sur les pistes avancées par le rapport Moreau. Mais il ne faut s'attendre à aucune annonce : Jean-Marc Ayrault a pris "l'engagement" de ne proposer aucune réforme avant d'avoir mené à terme la concertation avec les partenaires sociaux. Celle-ci doit précisément se poursuivre dans les semaines à venir, avec pour objectif d'être bouclée avant la fin du mois de juillet. Le gouvernement prévoit ainsi de présenter à la rentrée sa réforme.

>> A lire : Rapport Moreau : des pistes tous azimuts

- La formation professionnelle

Ce chantier, entamé à l'automne, doit permettre une réforme du système pour consacrer davantage de moyens qu'aujourd'hui à la formation des chômeurs. François Hollande souhaite une réforme pour recentrer l'effort sur les chômeurs et les salariés les moins qualifiés. Mais les partenaires sociaux considèrent que ce n'est pas un levier déterminant contre le chômage.

- L'emploi

La conférence, officiellement intitulée "grande conférence sociale pour l'emploi", sera l'occasion pour les syndicats de rappeler leurs demandes pour davantage de mesures contre le chômage. La CFDT devrait ainsi réclamer des emplois aidés élargis et plus longs et un développement de l'alternance. La CGT veut une réaffectation des exonérations de cotisations vers les entreprises qui emploient ou encore des mesures en faveur des salaires. FO réclame la fin des politiques d'austérité, pour relancer la création d'emplois. 

Il se pourrait par ailleurs que le gouvernement fasse quelques annonces, notamment une augmentation du nombre d'emplois aidés pour essayer d'atteindre la promesse maintes fois répétées de François Hollande : inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année. 

- L'Europe sociale

Contrairement à la première conférence sociale, l'Europe fait cette fois l'objet d'une table ronde. Reçus mercredi à l'Elysée, les leaders de la CGT, la CFST, FO, la CFTC et l'Unsa ont demandé à l'unisson à François Hollande de plaider au sommet européen des 27 et 28 juin pour un "vrai changement de cap" et "un plan de relance" en Europe.

 >> Pour suivre les informations sur la conférence sur Twitter, utilisez le hashtag #gcs2013