Travail le dimanche : à Paris, le gouvernement voit large

Commerce galeries Lafayette Paris AFP 1280
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POLÉMIQUE - Les syndicats du commerce de Paris contestent un projet de décret de Bercy, qui définit les zones touristiques où il sera possible de travailler le dimanche.

La loi Macron a été adoptée et promulguée cet été, mais l'extension du travail le dimanche n'en finit pas de faire des vagues. Ainsi, à Paris, un nouveau bras de fer vient de s'engager à propos des zones dans lesquelles l'ouverture dominicale sera autorisée. Les syndicats du commerce protestent contre la carte proposée par Bercy, dénonçant une "généralisation du travail du dimanche".

Olympiades, Beaugrenelle, Bibliothèque : des quartiers touristiques, vraiment ? La loi Macron autorise l'ouverture des commerces tous les dimanches, ainsi que le soir jusqu'à minuit, dans des zones touristiques internationales (ZTI) qui doivent être délimitées par décret. Or, comme le confirme une carte transmise à Europe 1 par le ministère de l'Economie, celui-ci a vu large. Loin de se contenter des Champs-Elysées, de Montmartre et du Marais, Bercy propose d'ajouter quatre zones touristiques aux huit déjà existantes. Parmi les nouvelles venues, le quartier Beaugrenelle, dans le XVe arrondissement, mais aussi les alentours d'Olympiades et de la Bibliothèque François Mitterrand, dans le XIIIe.

 

ZTI Paris

Des quartiers pas forcément connus pour leur grande affluence touristique, mais dans lesquels se trouvent des centres commerciaux. C'est en tout cas ce que dénonce le Clic-P, un comité intersyndical du commerce parisien (CGT, Sud, Unsa, CFDT). "Le lobbying patronal paye !", s'est-il indigné lundi dans un communiqué, parlant d'une "véritable provocation". Pour les syndicats, pas de doute : il s'agit d'une manœuvre du gouvernement pour étendre au maximum les ouvertures dominicales. "Le projet Macron a pour objectif la généralisation du travail du dimanche dans le commerce, le tourisme international ne constituant qu'un artifice de communication", cingle le Clic-P.

Comment le gouvernement justifie le choix de ces zones. Du côté du ministère, on avance de nombreux arguments. D'abord en soulignant que ces zones resteront l'exception : "ces zones proposées correspondent seulement à 6% de la surface de la capitale", a fait valoir Bercy auprès de l'AFP. Ensuite en assurant que toutes ces zones sont très visitées par les touristes, soit pour découvrir un monument, soit pour y dormir : "Toutes ces zones correspondent à des zones de transport important avec une forte présence hôtelière et des monuments qui participent à la fréquentation touristique de Paris".

Un argument discutable lorsqu'il s'agit des zones Olympiades ou Beaugrenelle, mais pour ceux-ci le ministère invoque un autre argument : le respect de la concurrence. Puisque Les Galeries Lafayette, Le Printemps et le Bon Marché sont inclus dans les ZTI, il aurait été injuste que d'autres zones commerciales soient défavorisées. Ce qui expliquerait que le centre commercial Beaugrenelle figure sur cette liste.

Aucune décision prise pour l'instant. Le ministère souligne aussi qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant. "Nous sommes dans une phase de concertation avec les élus locaux", a insisté lundi une porte-parole de Bercy. Enfin, rappelle-t-on au ministère de l'Economie, un commerce situé dans l'une des 12 ZTI parisiennes ne pourra pas ouvrir le dimanche sans la signature d'un accord d'entreprise. Les futures négociations s'annoncent houleuses. D'autant que ce bras de fer succède à la passe d'armes politique qui a opposé le gouvernement à la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a contesté - en vain - l'extension du travail dominical dans sa ville.

 

Toutes les Fnac parisiennes pourront ouvrir le dimanche

Le détail n'a pas échappé aux syndicats du commerce parisien : tous les magasins Fnac de la capitale sont situés dans les zones touristiques internationales (ZTI) proposées par le ministère de l'Economie. Autrement dit, si la carte de Bercy entre en vigueur, l'ensemble des Fnac de Paris pourront d'ouvrir le soir et le dimanche. "Alexandre Bompard (patron de la Fnac, ndlr) obtient finalement satisfaction", souligne le comité Clic-P. La Fnac avait déjà été au cœur des débats de la loi Macron. Lors de la discussion parlementaire, un "amendement Fnac" introduit par le Sénat prévoyait d'autoriser les enseignes culturelles à ouvrir le dimanche. Une disposition finalement supprimée par les députés.