Travail dominical : où en est-on après un an de loi Macron ?

L’une des mesures phares de la loi Macron qui laissent encore sceptiques les économistes est l’ouverture des commerces le dimanche.
L’une des mesures phares de la loi Macron qui laissent encore sceptiques les économistes est l’ouverture des commerces le dimanche. © BERTRAND GUAY / AFP
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Gaétan Supertino et Anne-Laure Jumet , modifié à
Depuis l’adoption, le 6 août 2015, de la loi Macron, les magasins sont censés pouvoir ouvrir dans 21 "zones touristiques internationales". 

Loi Macron, bientôt l'an II. Après douze mois, le texte, adopté via le 49-3 le 6 août 2015, présente un bilan mitigé (comme nous vous l’expliquons ici). Et l’une des mesures qui laissent encore sceptiques les économistes est l’ouverture des commerces le dimanche. Dans les 21 "zones touristiques internationales" créées dans le pays, les magasins sont théoriquement autorisés à ouvrir tous les dimanches et en soirée. Mais la loi Macron prévoit que ces ouvertures étendues restent soumises à un accord avec les syndicats ou à un référendum interne.

>> Où en est-on de ces accords ? Europe 1 fait le point.

Là où il y a des accords. Pour l’heure, une petite dizaine d'enseignes ont réussi à passer ce type d’accords : Etam, Zara, Tati, Marionnaud, Sephora, Darty, Apple ou encore Nature & Découvertes. Des accords de branches ont également été passées (bijouteries, luxe…) Dans les enseignes concernées, le salaire est majoré pour le travailleur du dimanche, à qui l’on paie également les éventuels frais de garde des enfants, et le remboursement des transports. "Cela me permet de gonfler un petit peu mon salaire, d’une centaine d'euros par mois si je fais tous les dimanches. Du moment que j'ai mon week-end dans la semaine, ça me va !", témoigne ainsi sur Europe 1 Nawal, 28 ans, qui travaille dans une boutique de papeterie.

Là où ça bloque. Certains magasins présentent toutefois encore porte close, faute d’accord avec les syndicats. La situation est notamment bloquée à la Fnac ou encore aux Galeries Lafayette, où les syndicats menacent d’attaquer en justice si la direction passe en force. Aucun grand magasin (Printemps, Le Bon Marché, le Grand Bazar de Lyon…) n’a signé d’accord, à l’exception du "BHV" (Bazar de l’Hôtel de ville) à Paris. Cela pourrait toutefois rapidement évoluer avec la loi Travail. D’ici la fin de l’année, en effet, des syndicats minoritaires pourront demander l'accord des salariés sur le travail dominical. S’il y a une majorité de "oui", l’accord sera validé.

Quel impact sur la croissance ? Reste une question : les entreprises qui ont réussi à signer un accord ont-elles vu leur activité bondir ? Les économistes restent divisés sur la réponse. "Le retour dont nous disposons de la part des commerçants est qu'il n'y a pas d'augmentation significative du chiffre d'affaires. Les dépenses de consommation sont apparemment réparties sur une durée plus longue", assure Christopher Dembik, économiste à Saxo Bank, cité par l’AFP. "C'est en train de devenir un élément d'oxygénation de l'économie", soutient pour sa part sur Europe 1 Jean-Marc Daniel, économiste à l’ESCP Europe, assurant que les effets de la loi Macron se verront sur le long terme.