Sharp, le géant qui veut redevenir une PME

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J.R. avec AFP
La firme électronique japonaise, géant du secteur, devrait procéder à une spectaculaire réduction de son capitale pour éviter la faillite. 

Pour se sauver, le géant est prêt à redevenir un petit. Sharp, la multinationale japonaise, devrait procéder à une réduction de 99% de son capital pour revenir au niveau d'une PME et tenter d'éviter la faillite. Cette spectaculaire décision, très rare, a été annoncée lundi par les médias nippons, entraînant la chute du cours en Bourse de l'entreprise. La firme d'électronique verrait ainsi son capital actuel fondre de presque sa totalité afin d'effacer des pertes accumulées depuis de nombreuses années. Ce procédé, s'il est effectivement envisagé par le groupe, doit cependant être approuvé par l'assemblée générale des actionnaires. Retour sur cette descente aux enfers d'un ancien mastodonte de l'électronique.

Un géant en perdition. Avant de connaître les foudres de la Bourse de Tokyo, Sharp a longtemps été un poids lourd de l'électronique mondial. L'entreprise japonaise, dont le chiffre d'affaires annuel est de près de 20 milliards d'euros, a connu le succès sur les marchés des télévisions, avant de voir ses résultats s'effondrer dans les années 2000. Le groupe est particulièrement secoué par la concurrence sur le segment des écrans de smartphones et tablettes et subit de plein fouet les fluctuations du cours du yen.

Bénéficier d'un statut fiscal avantageux. Malgré les réorganisations ou les cessions d'activité, l'entreprise n'est jamais parvenue à se remettre d'aplomb. Les pertes successives accumulées ces dernières années motiveraient une importante réduction de son capital afin de sauver ce qui peut encore l'être. Les médias nippons ont ainsi affirmé que la multinationale allait procéder à une gigantesque réduction de son capital pour revenir au niveau d'une PME et tenter d'éviter la faillite. Elle verrait en effet passer son capital actuel de 120 milliards de yens (890 millions d'euros) à 100 millions de yens (740.000 euros) ou moins, soit une diminution de quelque 99%. Le but serait de faire revenir l'entreprise dans une catégorie inférieure, où la pression fiscale est moins forte, et de lui permettre d'effacer des pertes.

"Une solution de dernier recours". Ce procédé, très rare pour une société de renommée internationale, "est quelque chose de beaucoup plus difficile à appréhender", reconnaît dans une note l'essayiste Seiji Ogasawara, auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie des sociétés japonaises. "Une réduction de capital de 100% (synonyme de défaillance pour excès de dette) signifierait la disparition des droits des actionnaires et une radiation de la Bourse, mais 99% fait penser à une solution de dernier recours pour préserver au moins ces deux choses", souligne Seiji Ogasawara. Avant d'entamer cette solution de la dernière chance, le groupe prépare un important plan de restructuration pour la fin du mois de mai. Plusieurs activités pourraient être abandonnées, et près de 5.000 postes supprimés.