Renault victime d’une "machination"

Philippe Plisson,  ex-cadre de Renault licencié en 2009, doit être entendu jeudi par la police.
Philippe Plisson, ex-cadre de Renault licencié en 2009, doit être entendu jeudi par la police. © REUTERS
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avec Alain Acco , modifié à
TEMOIGNAGE - Un ex-cadre, licencié en 2009, pense que Renault est victime d’une manipulation.

"Ce que je peux dire, c’est que pour moi il y a une machination dont sans doute Renault est la victime". C’est ce qu’affirme Philippe Clogenson, ancien directeur marketing du groupe Renault, interrogé sur Europe 1 jeudi. Un témoignage qui vient s’ajouter aux révélations, mercredi, selon lesquelles la récente affaire d’espionnage dont s’était dit victime le constructeur aurait été le fruit d’un règlement de comptes.

Des révélations venues mercredi, alors que Patrick Pelata, le directeur général de Renault, était reçu à Matignon. L'affaire d'espionnage présumé concernant son groupe pourrait en effet être une coquille vide, et les trois salariés licenciés après avoir été accusés d’espionnage auraient pu être les victimes d'une tentative de déstabilisation du groupe.

"J’ai été abasourdi"

Philippe Clogenson a été licencié en 2009, suite à une affaire qui ressemble étrangement à celle en cours. Il doit être entendu jeudi par la police. "Ca s’est passé un jeudi soir à 18h30, j'ai été convoqué par la direction des cadres supérieurs et dirigeants (...) Une personne m’a annoncé qu’elle détenait la preuve que je recevais de l’argent de la part des prestataires, via des sociétés écrans sur des comptes à l'étranger, et que ça avait été vérifié par la sécurité du groupe", témoigne cet ex-cadre de Renault.

"J'ai été abasourdi" :

Celui qui possède bien un compte à l’étranger, mais dans l’unique but, précise-t-il, de "payer les charges" de l’appartement qu’il possède dans ce pays, se dit "abasourdi". "J’ai été abasourdi par rapport à ces accusations, parce que je n’ai jamais touché un centime de quoi que ce soit par rapport aux contrats que je faisais avec ces prestataires".

"Une tentative de déstabilisation, en interne ou en externe"

Malgré ses demandes insistantes de preuves de ce que Renault avançait, Philippe Clogenson n’a jamais pu obtenir des éclaircissements. "Je n’ai jamais obtenu des preuves malgré toutes les demandes que j’ai faites. Ils ont abandonné le premier motif d’accusation. Renault m’a licencié pour insuffisance professionnelle, ce que je conteste tout autant".

Le groupe Renault serait peut-être, selon lui, la victime d’une tentative de déstabilisation "en interne ou en externe". "Ce que je peux dire c’est que pour moi il y a une machination dont sans doute Renault est la victime", conclut-il.

Cette affaire d'espionnage industriel avait éclaté début 2011 avec la mise à pied puis le licenciement de trois cadres haut placés, à la suite d'une enquête interne consécutive à l'envoi de courriers anonymes. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris après la plainte contre X déposée par le groupe.

Les cadres licenciés sont soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin via des comptes bancaires en Suisse ou au Liechtenstein. Pourtant, une source proche de l'enquête a révélé jeudi que l'enquête menée par les autorités du Liechtenstein sur ces comptes a été "sans résultat", et que "le numéro de compte" fourni dans le cadre de l'enquête "n'existe pas".