Quelle relance économique pour l’Europe ?

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
Les dirigeants européens se réunissent fin mai pour déterminer comment stimuler la croissance.

L’élection de François Hollande et l’aggravation de la crise politique en Grèce ont ravivé le débat sur une relance de l’économie au niveau européen. Si l’Allemagne s’y refuse toujours, plusieurs chefs de gouvernement européens ont exprimé leur intérêt pour une telle démarche.

Le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, a donc annoncé mardi une réunion extraordinaire des dirigeants européens le 23 mai pour discuter des moyens de relancer la croissance. Europe1.fr vous en présente les protagonistes et les enjeux.

Une réunion pour quoi faire ? Les dirigeants européens seront conviés à un "dîner informel" le 23 mai afin de préparer le terrain. Outre la présentation de François Hollande à ses homologues, cette réunion doit surtout servir à prendre la température et à préparer le sommet des 28 et 29 juin suivants.

Quel est le désaccord entre Européens ? L’élection présidentielle française a ravivé un débat qui date de la fin 2011. Les Européens sont alors en train de définir de nouvelles règles de discipline budgétaire imposées par les graves dérapages de nombreux pays et la quasi-faillite de la Grèce. La rigueur est adoptée mais certains tirent la sonnette d’alarme : l’austérité simultanée dans tous les pays de l’UE risque de les enfoncer dans la récession si rien n’est prévu pour stimuler la croissance.

Que propose la France ? Pour éviter un tel risque, la France propose un pacte de croissance qui viendrait en complément du pacte de discipline budgétaire. L’objectif est de stimuler l’activité économique en lançant de grands travaux d’infrastructures, en créant des euro-obligations ou encore en réformant la Banque centrale européenne pour qu’elle se mette au service de la croissance et non plus de la seule stabilité des prix.

Quels sont les partisans d’une relance ? L’Europe du Sud en général et plus particulièrement l’Espagne, l’Italie, la Belgique ou encore les Pays-Bas. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a également reconnu qu’il fallait repenser le plan européen.

Qui s’oppose à une telle relance ? L’Europe du Nord de manière générale et avant tout l’Allemagne d’Angela Merkel, qui a bataillé pour que ses partenaires respectent enfin des règles de bonne gestion et limitent les déficits. L’idée de nouvelles dépenses l’horrifie, d’autant que le pays s’est lui-même imposé une diète au cours des années 2000, en partie à l’origine de son succès actuel.

Quel est le plan de l’Allemagne ? Principal moteur de la construction européenne avec la France, l’Allemagne ne peut se laisser écartée de ce débat, d’autant que des voix discordantes se multiplient en interne. Elle a donc entamé un début d’ouverture lundi 7 mai en jugeant envisageable une stimulation de la croissance.

Mais à ses yeux, cela ne passe pas par de nouvelles dépenses mais plutôt par une réforme du marché du travail ou des indemnité chômage, c’est-à-dire des réformes structurelles. "Il nous appartient de prendre les décisions nécessaires pour l'Union européenne et la zone euro, afin de préparer nos sociétés à l'avenir et assurer ou renforcer leur prospérité", a-t-elle rappelé mardi à François Hollande.

Quelle est la position de la Commission ? Plutôt que de remettre à plat un pacte budgétaire difficilement négocié, la Commission européenne a pris les devants en préparant son propre plan de relance. "De nombreuses propositions sont sur la table et attendent le feu vert des Etats membres et du Parlement", a rappelé José Manuel Barroso.

Outre son projet d'agenda "Europe 2020" qui se concentre sur les nouvelles technologies ou l'économie verte, l'exécutif européen suggère de mettre en place des emprunts européens mutualisés, d'augmenter le capital de la Banque européenne d'investissement pour venir en aide aux PME et lancer une taxe sur les transactions financières dont une partie des recettes alimenteraient le budget de l'UE.