Quel impôt pour les sociétés du Cac 40 ?

Le Cac 40, Bourse de Paris.
Le Cac 40, Bourse de Paris. © MAXPPP
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Les entreprises du Cac 40 ont payé 35,3 milliards d'impôts sur les sociétés dans le monde. Mais…

Le chiffre. Les géants du Cac 40 paient des impôts. Pas forcément en France, mais ils en paient. Au total, les 40 entreprises de l'indice boursier français ont en effet payé 35,3 milliards d'impôts sur les sociétés dans le monde en 2012, ce qui représente en moyenne 36% de leur résultat avant impôt, selon une vaste étude réalisée par le cabinet Landwell & Associés (PwC) et révélée mercredi par Les Échos. Un montant presque équivalant à la somme de dividendes versée aux actionnaires (37 milliards d'euros). "Les Etats profitent donc autant que leurs propriétaires de l'existence des multinationales françaises. En soi, cette égalité désarme beaucoup les critiques contre l'absence de 'citoyenneté' desdits géants […] contre la perte du pouvoir des gouvernements, dans leur ensemble, face à ce que les auteurs des critiques nomment le 'grand capital'", a commenté l'éditorialiste des Échos, Eric Le Boucher, mercredi.

>>> Mais ce chiffre relève de fortes disparités entre les entreprises, selon leurs secteurs, leurs résultats et… leurs talents d'optimisation fiscale. Qui paye le plus d'impôts et pourquoi ? Décryptage.

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Quel est le classement ? Dix groupes représentent à eux seuls environ les trois quarts des montants acquittés par les groupes de l’indice vedette parisien dans leurs pays d’activité. Total, qui engrange les bénéfices les plus importants du Cac 40, affiche logiquement les impôts les plus élevés. Le géant pétrolier paie en effet plus de 13 milliards d'euros d'impôts, répartis dans tous les pays où il exerce une activité. Viennent ensuite BNP Paribas (3 milliards d'euros), GDF Suez (2 milliards), LVMH (1,8 milliards), EDF (1,5 milliards), France Télécom (1,2 milliards), Vivendi, Axa et Sanofi-Aventis (1,1 milliards) ou encore L'Oréal (1 milliards). En revanche, le géant de la sidérurgie, ArcelorMittal, lui, n'a payé aucun impôt en 2012, notamment suite à d'importantes pertes les années passées. Viennent ensuite Gemalto (28 millions) ou encore Vallourec (112 millions).

Des montants proportionnels aux bénéfices ? Le pourcentage impôts payés/résultat obtenu révèle un classement encore plus disparate. Une vingtaine de groupes affichent des taux d’imposition compris entre 25% et 35% de leur résultat. Mais d'autres se voient ponctionnés bien plus lourdement. Carrefour et Renault affichent par exemple un taux de 70%. Les sociétés Gemalto (12%), Société générale (15%) et Pernod Ricard (17%) en revanche, comptent parmi les plus faibles taux d’imposition du CAC 40 en 2012.

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Pourquoi de telles différences ? Ces écarts s'expliquent par les résultats antérieurs de l'entreprise, le secteur d'activité, et l'exposition géographique. Gemalto par exemple, bénéficie d'un taux d'imposition particulièrement bas à cause de lourdes pertes enregistrées dans le passé. Si Total paye plein pot en revanche, c'est dû à son secteur d'activité. Les compagnies pétrolières sont en effet lourdement taxées, notamment dans les pays producteurs de l'or noir, comme au Nigéria (85%), en Norvège (78%) ou au Congo (76%), détaille le journal Les Échos.

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La marque de l'optimisation fiscale. La zone géographique, et donc la différence de fiscalisation entre les pays, joue beaucoup. Et de nombreuses entreprises font en sorte d'enregistrer leurs bénéfices dans des pays peu demandeurs d'impôts, en délocalisant leurs centres financiers ou même des usines. ArcelorMittal par exemple, échappe certes à l'impôt à cause de lourdes pertes enregistrées dernièrement. Mais pas seulement : le sidérurgiste, dont le centre financier est domicilié en Belgique, a largement bénéficié du régime fiscale locale, qui lui a permis de déduire près de 11 milliards de ses impôts l'an dernier.

Le hic, c'est que si l'on connait le montant d'impôt payé par les stars du Cac, elles ne sont pas tenues de préciser dans quels pays elles le payent. Une opacité qui facilite l'optimisation. "L'absence d'information est large et paralysante", constate ainsi l'éditorialiste Eric Le Boucher. Et de conclure : "le système de coopération fiscale entre Etats, qui date des années 1970, est obsolète, il laisse des trous béants qui permettent aux plus habiles de jouer des fiscalités locales".