Privilégiés, les salariés d'EDF ?

La Cour des Comptes a critiqué lundi l'organisation et la durée du travail au sein d'EDF et de ses filiales RTE et ERDF, appelant à mieux contrôler et améliorer la productivité des salariés.
La Cour des Comptes a critiqué lundi l'organisation et la durée du travail au sein d'EDF et de ses filiales RTE et ERDF, appelant à mieux contrôler et améliorer la productivité des salariés. © MaxPPP
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G.S. avec AFP
Après leurs avantages et leurs salaires, la Cour des comptes épingle leur temps de travail.

La note. Entre EDF et la Cour des comptes, le courant ne passe pas. Déjà épinglé en février pour des salaires et des avantages jugés bien fastes en période de crise, le groupe énergétique, détenu à 97% par les pouvoirs publics, se voit reprocher lundi le manque de contrôle du temps de travail des ses employés. Les Sages de la rue Cambon publie en effet une nouvelle note, s'attirant encore les foudres des syndicats.

Des salariés qui travailleraient peu… Dans leur note, les Sages relèvent d'abord que la durée du travail dans l'entreprise et ses filiales RTF et ERDF est "insuffisamment suivie". Aucune des composantes du groupe ne dispose "d'un outil fiable de contrôle de décompte des temps de travail" et le temps de travail y est inférieur à la référence prévue au sein du secteur électrique et gazier. Selon la Cour, le nombre d'heures travaillées s'élevait ainsi à 1.548 en 2011 pour les 62.150 salariés d'EDF et 1.500 heures pour sa filiale autonome RTE (gestionnaire du réseau électrique haute tension, 8.800 salariés), contre 1.570 heures pour "la durée de référence au sein des industries électriques et gazières" et 1.607 heures prévues par le droit du travail.

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… et trop en heures supplémentaires. En outre, selon la Cour des Comptes, l'organisation du temps de travail à EDF est une "mosaïque complexe permettant des aménagements très différents, sans unité, par entités, par métiers et par zones, comportant des différences sensibles de traitement entre les salariés sans véritable justification". Enfin, elle estime que le régime des heures supplémentaires (72 heures par agent en moyenne pour EDF, 53 heures chez RTF et 27 heures chez ERDF) au sein du groupe, essentiellement lié à des systèmes d'astreinte, est "exorbitant" au regard du droit commun. Elle appelle ainsi à mieux piloter les astreintes.

En février, des "avantages" déjà épinglés. En début d’année, EDF avaient déjà été critiqué dans un rapport au titre peu ambigu : "les rémunérations à EDF : une progression rapide, une accumulation d’avantages, peu de liens avec les performances". On y découvrait que les salaires connaissaient une évolution moyenne de 3% par an. Mais surtout que les employés bénéficiaient de "nombreux avantages liés à l'emploi", comme des tarifs avantageux, voire des abonnements gratuits à l'énergie.

CGT EDF

"La Cour sort de ses prérogatives". Evidemment, cette ingérence des Sages parisiens ne plaît pas à tout le monde. Et les syndicats sont remontés. "Encore une fois la Cour des Compte sort de ses prérogatives, et fait plus de politique que de comptabilité. C'est insupportable, le temps de travail chez EDF ne fait pas partie de ses prérogatives", a ainsi réagi Laurent Langlard, de la CGT, premier syndicat de l'électricien. "C'est un grand groupe et dans les établissements, les règles et les temps de travail sont différents, comme dans tous les grands groupes", a-t-il renchéri soulignant "des obligations de service public 24 heures sur 24 qui génèrent une organisation du travail bien particulière". Pour Vincent Rodet, délégué central CFDT, "c'est à nouveau un focus malheureux avec toujours en message subliminal : 'chez EDF, on travaille peu, mais on est beaucoup payé'".

Par ailleurs, selon Vincent Rodet, de la CFDT, les heures supplémentaires s'expliquent par "un sous-effectif" récurrent. "EDF n'a pas embauché de 2002 à 2007. On commence à peine à compenser ce déficit d'embauche. Cela fait des années qu'on vit avec une tension entre les effectifs et la charge de travail", a-t-il pour sa part expliqué.