Pouvoir d'achat : les fonctionnaires sacrifiés ?

© DENIS CHARLET / AFP
  • Copié
Olivier Samain , modifié à
L’ENQUÊTE DU 8H- Sur le terrain du pouvoir d'achat, les fonctionnaires estiment être les grands perdants quand le gouvernement prétend qu'il augmente.
L'ENQUÊTE DU 8H

La question du pouvoir d'achat est au cœur de la journée de grève des fonctionnaires, mardi, à l'appel de la totalité des fédérations syndicales. Ont-ils raison de dire qu'ils sont sacrifiés sur ce terrain ? Le gouvernement prétend, lui, que leur pouvoir d'achat augmente. Alors qui dit vrai ? Des deux côtés, on argumente à partir de chiffres qui ne veulent pas dire la même chose.

Un calcul large pour le gouvernement. Quand on écoute Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des comptes publics, c'est clair : la rémunération des fonctionnaires va augmenter de 4% en 2017. Autrement dit bien au-delà de l'inflation qui, selon l'Insee, ne dépassera pas 1% cette année. Il y a donc gain de pouvoir d'achat. Mais pour arriver à ce chiffre de 4%, le ministre prend en compte tout ce qui fait la rémunération des agents : la hausse du point d'indice, intervenue fin 2016 et début 2017, mais aussi la revalorisation des carrières, mise en route par le gouvernement précédent et qui commence à s'appliquer cette année. Sans oublier les promotions individuelles et l'avancement des fonctionnaires au titre de l'ancienneté. C'est en additionnant tous ces éléments que le gouvernement peut avancer la hausse du pouvoir d'achat des fonctionnaires.

Une lecture bien différente pour les syndicats. De leur côté, les syndicats ne se reconnaissent pas dans cette présentation des choses, et considèrent que le gouvernement mélange des choux et des carottes. Pour les fédérations de fonctionnaires, seul le point d'indice doit être pris en compte pour rattraper l'inflation, car c'est l'élément de base de la rémunération. Les promotions ou l'avancement ne concernent pas tout le monde chaque année. Et cela répond à une autre logique, celle de la reconnaissance de la carrière, qui ne peut être mise dans le même paquet. Pour les syndicats, quand le point d'indice n'augmente pas, le pouvoir d'achat recule. 

La plus crédible ? La grille de lecture des syndicats. Dans le privé, les augmentations individuelles, les promotions viennent récompenser l'implication, la prise de responsabilité. Ce n'est pas là pour rattraper la hausse des prix. La hausse des prix se compense elle par les augmentations générales, donc la grille de lecture des syndicats est plus juste. Pour Denis Turbet Delof, de Solidaires fonction publique, le mélange des choux et des carottes tord quelque part la réalité : "Quand vous mettez tout ça mélangé, vous noyez le poisson, parce qu'on vous dit que votre pouvoir d'achat augmente. Oui, globalement, mais pas pour tout le monde, et des agents, pour une année donnée, n'obtiennent absolument rien."

Une situation qui ne devrait pas s'améliorer avec la hausse de la CSG. Le gouvernement n'a en effet pas prévu d'offrir un gain de pouvoir d'achat aux fonctionnaires comme celui qu'il accorde aux salariés du secteur privé. Pour eux, la hausse de la CSG sera compensée, rien de plus.