Pourquoi les Français s'assurent moins

© MAXPPP
  • Copié
Thomas Morel avec Olivier Samain, Mathieu Bock et Julien Pearce , modifié à
ENQUETE E1 - Les Français préfèrent courir le risque de tout perdre plutôt que trop dépenser.

Le contexte. C'est une tendance qui se fait de plus en plus lourde : les Français coupent dans leurs primes pour faire des économies. "La matière assurable n’augmente plus et les consommateurs rognent tant qu’ils peuvent sur leurs dépenses d’assurance", constate le Groupement des entreprises mutuelles d'assurances (GEMA). En clair, face à la crise, les Français préfèrent courir le risque de tout perdre plutôt que de trop dépenser dans une police d'assurance. Selon une enquête Opinion Way pour Groupama publiée en décembre, 32% des Français avouent ainsi avoir déjà renoncé en 2012 à souscrire à une assurance dont ils avaient besoin à cause de son coût. Une renonciation qui a touché tout particulièrement les faibles revenus (50% des répondants dont le revenu mensuel est inférieur à 999 euros), mais également les divorcés et les veufs (42%), les professions intermédiaires (40%), les ouvriers (37%) et les étudiants (37%).

Un phénomène récent. Sur le terrain, le constat est flagrant : "Je ne l'avais jamais vu auparavant. Ça fait un an que, petit à petit, on voit des clients nous demander de changer de police pour faire des économies", s'inquiète Cédric Dalibard, agent d'assurances à Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, au micro d'Europe 1. "Certains décident de ne plus s'assurer contre le vol. Ils gardent la garantie incendie, qui est obligatoire, tout comme la responsabilité civile, mais tout ce qui peut faire grimper la franchise est laissé de côté", explique-t-il.

C'est aussi le cas pour les assurances automobiles : plutôt que la garantie tous risques, le conducteur préfèrera prendre une assurance au tiers, qui assure seulement contre les dégâts faits aux autres. Et tant pis si la voiture finit dans un mur et qu'il faut en racheter une autre.

>> A LIRE AUSSI - Assurance auto : le "malus" des chômeurs

Jusqu'à 50 % d'économies. Pour les populations les plus fragiles, difficile de résister à la tentation, même si cela implique la possibilité de tout perdre. Le pari peut en effet s'avérer très intéressant. Dans certains cas, l'économie peut atteindre 50 % de la prime ! Une conductrice se justifie pour Europe 1 : "nous trouvions les mensualités assez élevées", explique-t-elle. "En optant pour une assurance au tiers, la mensualité est passée de 100 euros à 65. Cela représente plus de 400 euros économisés chaque année. Et comme la voiture ne fait jamais de grand trajets, le risque n'est pas très important."

Assurances en hausse. Il faut dire que pour les particuliers, le coût des assurances ne cesse de grimper. Cette année, elles devraient augmenter de 1 à 4 % selon les assureurs pour l'automobile, et de 2 à 7 % pour l'habitation. Pour les femmes, la prime auto devrait même subir une hausse de plus de 10 %, pour cause d'harmonisation avec les tarifs appliqués aux conducteurs masculins.

>> A LIRE AUSSI - Assurance : la loi des scooters roses