Peut-on sauver le soldat Petroplus ?

Aider la raffinerie Petroplus à court terme est une chose, sauvegarder son activité à moeyn et long terme en est une autre : tout le secteur de la raffinerie européenne est en crise.
Aider la raffinerie Petroplus à court terme est une chose, sauvegarder son activité à moeyn et long terme en est une autre : tout le secteur de la raffinerie européenne est en crise. © REUTERS
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Les politiques se pressent au chevet d'une raffinerie en difficulté dans un secteur en berne.

Après le dossier SeaFrance, les politiques ont décidé de se pencher sur le cas Petroplus, et notamment la raffinerie de Petit-Couronne, en Seine-Maritime, dont les difficultés pourraient être fatales à ses 550 salariés. Depuis, ministres et candidats se succèdent au pied des tours de distillation. Mais, comme pour SeaFrance, ce volontarisme se heurtent à une donnée de base : l’entreprise Petroplus est-elle viable ?

Une entreprise qui perd de l’argent

Sur les neuf premiers mois de son exercice 2011, le raffineur indépendant a perdu plus d'un million d’euros par jour. Si bien que ses banques ont décidé de lui couper les vivres, empêchant l’entreprise d’acheter du brut pour alimenter ses cuves.

Pétroplus a donc annoncé la mise à l'arrêt de trois de ses cinq raffineries : celle de Petit-Couronne en France, mais aussi celle d'Anvers, en Belgique, et de Cressier, en Suisse. Mais le PDG du groupe suisse a promis qu'il "ferait tout pour éviter un dépôt de bilan".

Un secteur qui réduit la voilure

Les déboires de Petroplus sont d’une triste banalité : tout le secteur du raffinage européen est en crise. Le phénomène de délocalisation n'est pas en cause, puisque le pétrole importé est toujours transformé là où vivent les consommateurs.

Mais ces derniers, préoccupations environnementales obligent, roulent moins et dans des véhicules toujours plus économes en carburant, si bien que les raffineries sont depuis plusieurs années en surcapacité. Le problème de Petroplus n’est donc pas qu’un manque de liquidités, c’est aussi et surtout une question de perspectives. Confrontés aux mêmes difficultés, Shell et Total ont fermé plusieurs sites ces dernières années, dont la raffinerie des Flandres en 2010.

Un défi : reconvertir le secteur de la raffinerie

Jeudi matin, le ministre de l’Economie François Baroin a estimé que l'Etat avait "répondu présent" en saisissant la Médiation du crédit afin d'aider le raffineur à obtenir son financement auprès des banques.

Mais remettre de l’argent frais dans une entreprise déficitaire aux perspectives assombries pourrait ne faire que repousser le problème : c’est tout un secteur qui doit se réformer. Car après la raffinerie Petroplus, ce pourrait être au tour de celle de Berre-l'Etang, dans les Bouches-du-Rhône, d’être sur la sellette.