Nouveaux Vélib’ : ce qui attend les cyclistes franciliens

Les futurs Vélib' arriveront dans la capitale en fin d'année.
Les futurs Vélib' arriveront dans la capitale en fin d'année. © LUDOVIC MARIN / AFP
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Clément Lesaffre
La ville de Paris a attribué le marché des Vélib’ au consortium franco-espagnol Smoovengo, au détriment de JCDecaux. La transition commencera cet automne.

C’est officiel, les Vélib’ changent de gestionnaire. L’alliance Smoovengo reprend le guidon des mains de JCDecaux, exploitant des vélos en libre-service franciliens depuis dix ans. Un choix attendu et entériné mercredi par le syndicat mixte Autolib’ et Vélib’. La nouvelle concession prendra effet en 2018 pour 15 ans. Avec à la clé de nombreux changements pour les cyclistes de la capitale.

  • Qui est Smoove, le nouvel exploitant?

C’est à une PME montpelliéraine qu’est confiée la gestion des Vélib’, pas vraiment le profil du mastodonte JCDecaux, premier exploitant du parc de vélos. Smoove ne sort pas de nulle part, c’est une spécialiste du vélo en libre-service. L’entreprise fondée en 2008 est présente dans 26 villes dans le monde (de Chicago à Bangkok en passant par Marrakech) dont 12 en France (Strasbourg, Nice, Montpellier, Lorient…). Son plus grand parc est situé à Moscou avec près de 3.500 vélos.

Priorité à la sécurité. Pour remporter le marché parisien, estimé à 600 millions d’euros sur 15 ans, Smoove s’est associée aux parkings Indigo, à l’équipementier Mobivia et au spécialiste espagnol de la mobilité Moventia, au sein du consortium Smoovengo. La PME montpelliéraine a été choisie en partie pour les garanties qu’elle apporte en termes de sécurité. "En deux ans, seulement 43 vélos sur 3.500 ont été volés à Moscou", précisait Laurent Mercat, le PDG de Smoove, en janvier au Figaro. Or, les Vélib' ont coûté beaucoup plus cher que prévu à la Mairie de Paris, 16 millions par an selon un rapport remis aux services concernés, à cause des vols et des dégradations.

  • A quoi ressemblera le nouveau parc Vélib’ ?

A priori, les Vélib’ devraient conserver leur nom puisque la marque appartient à la Mairie de Paris qui délègue ensuite la gestion. En revanche, les vélos changeront d’apparence. Ils seront allégés (20 kilos contre 25 jusqu’à présent) et bénéficieront d’un design modernisé. Les bornes seront également changées pour laisser place à un nouveau système de verrouillage plus robuste, conçu par Smoove. Il sera aussi possible de déposer son vélo même quand la station est pleine, mais ce système doit encore être précisé. Une box intégrée au guidon permettra de réserver sa bicyclette sans passer par une borne.

Smoove opère les vélos en libre-service de Montpellier © PASCAL GUYOT / AFP

La couverture géographique va être étendue. Une cinquantaine de communes franciliennes devraient être accessibles en Vélib’ contre trente aujourd’hui. Pour permettre cette extension, le parc comprendra, à termes, entre 21.000 et 22.000 vélos, contre près de 20.000 aujourd’hui, répartis sur 1.400 à 1.500 stations, au lieu de 1.200 actuellement. Enfin, le parc de Vélib’ comprendra 30% de vélos à assistance électrique.

  • Quand les nouveaux Vélib’ seront-ils disponibles ?

Le principal enjeu du changement d’exploitant est d’effectuer la transition sans gêner les 300.000 abonnés au service Vélib’. La fiche technique du marché mentionne un objectif de 50% de remplacement des stations au 1er janvier 2018 et de 100% le 31 mars suivant. Selon Le Parisien, la transition doit se faire sur 24 semaines, à compter d’octobre 2017. JCDecaux commencera alors à démonter ses stations, remplacées au fur et à mesure par celles de Smoove. Le remplacement des vélos se fera dans le même temps.

Changement complet en juin 2018. Le nouveau service fonctionnera dans la capitale à partir du 1er janvier 2018. A cette date, les abonnés seront transférés d’un système à l’autre. Enfin, fin mars 2018, toutes les stations JCDecaux auront disparu de la capitale. Ce sera ensuite au tour de la banlieue de se mettre en selle. Objectif : un remplacement complet en juin 2018. Quant aux vieux Vélib’, leur avenir dépend de JCDecaux. Soit l’entreprise trouve le moyen de les réutiliser pour un autre de ses parcs de vélos en libre-service, soit ils partiront à la casse.

  • Les prix vont-ils changer ?

Officiellement, la grille tarifaire du Vélib’ version Smoovengo ne sera connue qu’à l’automne. Mais, selon les informations du Parisien, il faut s’attendre à une augmentation globale des prix. L’abonnement annuel (avec la première demi-heure gratuite) pourrait passer de 29 à 35 ou 39 euros et l’abonnement premium (avec les 45 premières minutes gratuites) de 39 à 45 ou 49 euros. L’abonnement pour les vélos à assistance électrique atteindrait 99 euros.

Trajets plus chers. Le tarif des trajets partirait également à la hausse. Au-delà de la première demi-heure gratuite, les cyclistes parisiens risquent de devoir payer un euro par quart d’heure, contre un euro par demi-heure aujourd’hui. Pour les vélos électriques, le quart d’heure supplémentaire coûterait deux euros.

Nouveau modèle économique. Cette augmentation des tarifs doit servir à financer l’exploitation et l’entretien des stations et des vélos. En effet, jusqu’ici JCDecaux finançait le service grâce aux recettes issues de l’affichage et de la publicité urbaine, partie intégrante du marché de 2007. Cette contrepartie ne fait pas partie du nouveau contrat de gestion. Les frais seront donc à la charge du syndicat mixte Vélib’ et Autolib’ et de Smoove.

  • Le recours de JCDecaux peut-il changer quelque chose ?

Si Smoove ne s’est pas exprimé après cette "victoire", c’est parce qu’un dernier obstacle à l’officialisation doit encore être levé. Mardi, JCDecaux a déposé un recours en référé auprès du tribunal de Paris pour contester la décision de la commission d'appel d'offres du marché des Vélib' qui lui a préféré son concurrent Smoovengo. JCDecaux souligne que ce recours a été déposé "pour la défense des 315 collaborateurs" qui travaillent au sein de Cyclocity, sa filiale de service de vélo en partage.

Bataille pour l'emploi. Le consortium Smoovengo s’est engagé à "reprendre une partie de l’effectif" de Cyclocity, selon le syndicat Autolib’ et Vélib’. Une assurance qui ne satisfait par les principaux intéressés qui ont manifesté leur mécontentement et leur volonté de poursuivre l’exploitation de Vélib’. Ils réclament un engagement de la part de Smoove à "reprendre tous les salariés, avec les mêmes contrats et les mêmes acquis sociaux".

Mercredi, la présidente du syndicat mixte Marie-Pierre de la Gontrie s'est dite sereine quant à l'issue du recours déposé par JCDecaux. Il faudra néanmoins attendre la décision de justice pour que Smoovengo donne officiellement les premiers coups de pédale du futur Vélib’.