Nicolas Bouzou : "La flexibilité, aujourd'hui, n'est pas un sujet"

Nicolas Bouzou.
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A.D
Révolution industrielle oblige, les jeunes qui manifestent contre la loi El Khomri se trompent, selon l'économiste Nicolas Bouzou, invité d'Europe 1, samedi. 

Les jeunes dans la rue contre la loi El Khomri, c'est un peu l'illustration du fait que la génération Z, dont les membres sont nés avec tablettes et smartphones dans les mains, s'inquiète pour son avenir. Mais selon l'économiste Nicolas Bouzou, invité samedi de David Abiker dans C'est arrivé cette semaine, "les Z" se trompent de combat. C'est plutôt l’intelligence artificielle et Internet qui pourraient rendre obscure leur arrivée dans le monde du travail. A moins de s'y adapter.

Les manifs contre la loi El Khomri "pathétiques". "Ces manifestations sont pathétiques, lâche l'économiste. J'aurais pu les comprendre dans les années 70". Alors la jeune génération qui a grandi avec Internet a-t-elle un wagon de retard et manque-t-elle de lucidité ? L'économiste tranche : "la flexibilité aujourd'hui n'est pas un sujet. Ce que nous devons préparer, c'est l'arrivée de ce tsunami technologique dont fait partie l'intelligence artificielle mais on pourrait aussi parler de la génétique et des nano technologies. Il va générer la plus grande mutation de l'Histoire de l'humanité depuis la Renaissance. Il va falloir créer beaucoup d'emplois et remettre au goût du jour la formation professionnelle."

Une révolution "exaltante et angoissante". Pour la première fois, insiste l'économiste, une révolution industrielle inédite et rapide a lieu dans le monde entier. "Il est plus facile de compter les pays qui n'y participent pas plutôt que ceux qui y participent." L'intelligence artificielle ? C'est la capacité d'une source informatique à raisonner et à agir. "Une technologie nous concurrence sur notre propre terrain, résume Nicolas Bouzou. Le champion du monde de go battu par un ordinateur en est l'illustration. C'est tout à la fois exaltant et angoissant. Exaltant car un nouveau monde émerge. Angoissant car un ancien monde s'effondre."

"Des destructions dans tous les secteurs... et des créations." Doit-on redouter alors le remplacement de l'homme ? Et dans quels secteurs ? "Tous !, répond l'économiste, c'est le propre d'une révolution industrielle. La nouveauté cette fois, c'est que l'intelligence artificielle se substitut au travail physique certes, mais aussi désormais au travail intellectuel. Il y aura beaucoup de destructions, il ne faut pas se mentir, mais aussi beaucoup de créations". Une certitude ? "Les gens qui ont craint des disparitions sans création se sont toujours trompés". On en revient donc à une nouvelle loi Travail, de transition technologique. "Il faut à la fois de la flexibilité et un immense effort en terme de formation. Ne pas adapter nos jeunes à ce monde qui vient est une faute morale de notre part", soutient l'économiste.

Coder..."rien à faire dans 15 ans". Dernier coup de massue : "L'éducation, ce n'est pas le code informatique ! Plus personne n'en aura rien à faire dans 15 ans", car les machines le feront. "Ce qui compte, c'est la philosophie, c'est l'Histoire, c'est se situer dans le temps. L'apprentissage du latin et du grec sont même des ouvertures formidables pour entrer dans l'intelligence artificielle."