Les maraîchers français en péril

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avec François Coulon , modifié à
Face aux prix bas pratiqués par les grandes surfaces, Frédéric Lefebvre instaure des contrôles.

Des tomates marocaines à 0,99 euros le kilo, des poivrons espagnols, des champignons de Paris… hollandais, à prix cassés. Pour le maraîcher Louis Vinet, la visite d’un hard-discounter, au sud de Nantes, est un vrai cauchemar.

"Pourquoi la France est-elle le seul pays à se faire envahir de produits étrangers quand la production française est présente ?", se désole-t-il, au micro d’Europe 1. En février, le maraîcher a perdu "50%" de son chiffre d’affaires. Il pense "se séparer d’au moins deux employés".

3.000 tonnes de mâche nantaise à la poubelle

Pour les producteurs de légumes français, la situation est catastrophique. Habituellement à cette période de l’année leur production détrône, dans les rayons de la grande distribution, les légumes importés de l'étranger au cours de l'hiver. Mais cette année, ils n’arrivent pas à écouler leur production.

Depuis début mars, ce sont 3.000 tonnes de mâche nantaise qui ont dû partir à la poubelle, incapables de concurrencer la salade importée vendue au rabais. Seule justification de la grande distribution, dont les prix vont augmenter de 2% en moyenne, les tarifs des maraîchers français ne seraient pas compétitifs. De son côté, Louis Vinet fustige les montants pratiqués par les grandes surfaces : "le prix de l’endive payée au producteur date de 1964 !"

Des "contrôles" de la DGCCRF, selon Frédéric Lefebvre

Face à cette situation, les producteurs français ne peuvent que lancer un appel au secours. "Si on continue comme ça 15 ou 20% des producteurs de légumes français mettront la clé sous la porte", alerte Louis Vinet.

Le secrétaire d'Etat au Commerce Frédéric Lefebvre, de son côté, met pourtant en avant sa volonté de "transparence" des marges de la grande distribution et de "répercussion juste" de la hausse des matières premières. "On doit veiller à ce qu’un certain nombre de petits producteurs ne soient pas étranglés", poursuit-il, invité par Europe 1. Des contrôles de la DGCCRF, la direction de la répression des fraudes, sont en cours, afin de détecter d'éventuelles "pratiques abusives", selon le secrétaire d'Etat. "J’ai demandé à ce qu’on regarde la part des matières premières dans la construction du prix", a encore assuré Frédéric Lefebvre.