Les grandes banques mondiales tanguent en Bourse après une enquête sur le blanchiment

HSBC et d'autres grandes banques auraient autorisé le transit d'argent sale à grande échelle.
HSBC et d'autres grandes banques auraient autorisé le transit d'argent sale à grande échelle. © Tolga Akmen / AFP
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avec AFP , modifié à
Des grandes banques, comme HSBC, la Société Générale ou encore Deutsche Bank, ont été malmenées lundi en Bourse. La conséquence des révélations d'un consortium de journalistes, qui les accusent d'avoir permis le blanchiment d'argent sale à grande échelle.

HSBC, Deutsche Bank, JPMorgan Chase... Ces grands noms de la finance étaient malmenés en Bourse lundi, après les révélations d'un consortium de journalistes qui les accusent d'avoir permis le blanchiment d'argent sale à grande échelle. A Francfort, Deutsche Bank a terminé en baisse de 8,76%. Standard Chartered, également sous le feu des projecteurs, a lâché de son côté 5,82% à Londres en fin de séance. A Hong Kong, HSBC a touché son plus bas depuis 25 ans, en chutant de 5,33%. Outre le fait que le groupe a été cité par l'enquête du consortium de journalistes, il pourrait essuyer des sanctions de Pékin dans le cadre de mesures de représailles contre certains pays étrangers.

Egalement citée dans l'affaire, la banque ING a dégringolé de 9,27% à Amsterdam. Selon des informations de la presse néerlandaise, la filiale de la banque en Pologne a aidé des clients à envoyer des fonds suspects en dehors de Russie durant des années. La banque française Société Générale est également visée par l'enquête, qui lui reproche un manque de transparence vis-à-vis de certains clients de sa filiale suisse SGPB. Son action a cédé 7,66% à Paris. L'onde de choc se ressentait outre-Atlantique: à la mi-séance à Wall Street, le géant JPMorgan Chase lâchait 4,08%. Dans son sillage, Bank of America abandonnait 3,89%, tandis que Morgan Stanley et Wells Fargo chutaient de 4,5% et 5%. 

Des montants astronomiques d'argent sale 

Dans son enquête menée par 108 médias internationaux, de 88 pays, le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) dénonce les carences de la régulation du secteur. L'enquête "FinCEN Files" est fondée sur des milliers de "rapports d'activité suspecte" (SAR en anglais) adressés aux services de la police financière du Trésor américain (FinCen) par des banques du monde entier, mais "gardés hors de la vue du public". Selon l'ICIJ, des montants astronomiques d'argent sale ont transité durant des années par les plus grandes institutions bancaires du monde.

Ces documents portent sur 2.000 milliards de dollars de transactions, entre 1999 et 2017. Il s'agirait d'argent provenant de la drogue et d'actes criminels ou encore de fortunes détournées des pays en développement. L'investigation pointe notamment du doigt cinq grandes banques -- JPMorgan Chase, HSBC, Standard Chartered, Deutsche Bank, et Bank of New York Mellon -- accusées d'avoir continué à faire transiter des capitaux de criminels présumés, et ce même après avoir été poursuivies ou condamnées pour faute financière. Les rapports d'activité suspecte, sur lesquels se sont appuyés les journalistes du consortium, "ne sont pas des déclarations de crime ou de fraude, mais alertent sur des cas potentiels de crime économique", fait valoir UK Finance, le lobby de la finance britannique, dans un communiqué transmis à l'AFP. 

Les banques se défendent 

De son côté, HSBC présente les accusations de l'ICIJ comme anciennes et antérieures à un accord conclu sur le sujet en 2012 avec le département américain de la Justice. Elle dit aussi avoir depuis renforcé ses capacités à lutter contre la criminalité financière. Dans un communiqué, Deutsche Bank a assuré que les révélations du consortium étaient en fait des informations "bien connues" de ses régulateurs et a dit avoir "consacré d'importantes ressources au renforcement de ses contrôles".

ING a pour sa part affirmé qu'elle avait cessé sa relation en 2018 avec une des entreprises incriminées pour avoir collaboré avec sa filiale polonaise, et qu'elle s'apprêtait à en faire de même avec la seconde. "Société Générale respecte strictement toutes les réglementations des pays dans lesquels la banque est implantée. (...) Tous les cas suspects qu'elle détecte font ainsi systématiquement l'objet de déclarations auprès des autorités compétentes, ces déclarations comprenant l'intégralité des éléments que la banque est en mesure de communiquer en conformité avec les réglementations locales", fait savoir l'établissement dans un communiqué transmis à l'AFP.