Les chefs d’entreprise n’ont pas le moral

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SONDAGE - Les patrons ne sont pas optimistes pour les mois à venir et ne semblent pas convaincus par les réformes du gouvernement, selon un sondage CCI France/Europe1/La Tribune.

Quel est l’état d’esprit des chefs d’entreprise dans un contexte économique aussi incertain ? Pour tenter de répondre à cette question, Europe 1 s’est associé au journal La Tribune et à la Chambre de commerce et d’industrie (CCI France) afin de mener "La grande consultation des entrepreneurs". Un sondage mené par l’institut Opinionway et dont les premiers résultats montrent que le chef d’entreprise moyen n’envisage pas l’avenir avec sérénité… même s’il se montre plus optimiste que l’ensemble des Français. Leur principal reproche : la complexité et l’instabilité des règles du jeu en France, un dossier auquel le gouvernement ne s’attaque pas suffisamment à leurs yeux.

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© OpinionWay pour CCI France/EUrope1/La Tribune

Les patrons n’ont pas le moral, mais davantage que les Français. Lorsqu’on leur demande leur état d’esprit actuel, les premiers mots qui viennent à l’esprit des chefs d’entreprises interrogés ne sont pas flamboyants : "inquiet" et "méfiant". Bref, les patrons n’ont pas le moral et ont tendance à succomber à la nostalgie : 48% estiment que c’était mieux avant, contre 37% qui estiment que ce sera mieux demain.

Paradoxalement, les chefs d’entreprise sont dans un meilleur état d’esprit que le reste des Français, puisque ces derniers sont encore moins nombreux à se déclarer "optimistes", "confiants" ou encore "sereins". Les chefs d’entreprises le leur rendent bien, puisque si 57% des sondés sont confiant pour l’avenir de leur entreprise, ils ne sont plus que 13% à l’être lorsqu’on parle de l’économie française dans son ensemble.

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© OpinionWay pour CCI France/EUrope1/La Tribune

Ce qui préoccupe les chefs d’entreprises. Si le contexte économique général n’incite pas les entrepreneurs à l’optimisme, ces derniers sont surtout préoccupés par d’autres formes de "pressions" : 55% des sondés estiment être malmenés par "la complexité et l’instabilité administrative et fiscale", les deux autres sources d’inquiétude étant "les prix de vente" et "les délais de paiements des clients". Les sujets relevant des ressources humaines (embauche, licenciement, salaire) n’inquiètent en revanche que 9% des sondés.

Les entrepreneurs n’auraient en revanche pas à s’inquiéter pour leur image auprès du reste de la société : selon ce sondage, 61% des patrons estiment que les chefs d’entreprise ont une bonne image, un chiffre très proche de celui obtenu auprès du reste des Français (63%).

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Comment envisagent-ils 2015 ? Lorsqu’on les interroge sur l’avenir, les entrepreneurs se montrent prudents : la majorité estime que leur chiffre d’affaire restera stable et que le nombre de salariés restera inchangé. Le reste des sondés a tendance à considérer que leur chiffre d’affaires va progresser et que leur nombre de salariés va reculer.

Pour convaincre les plus pessimistes de retrouver le sourire, il n’y a pas de surprise : les sondés réclament majoritairement une diminution des charges. Viennent ensuite dans leur liste de revendications : plus de souplesse de trésorerie, un paiement par les clients dans les temps, puis une réduction du coût du travail.

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© OpinionWay pour CCI France/EUrope1/La Tribune

Comment jugent-ils la politique du gouvernement ? Depuis les vœux présidentiels de bonne année 20147 puis la nomination de Manuel Valls au poste de Premier ministre, la ligne de conduite est claire : le gouvernement aime l’entreprise. Mais cette dernière le lui rend-elle bien ?  Visiblement non, puisque 93% des sondés affirment ne pas avoir eu recours au Crédit d’impôts pour la compétitivité et l’emploi (CICE), un dispositif qui ne les a pas convaincus. La majorité des sondés estime qu’il n’a pas amélioré la compétitivité, qu’il n’a pas favorisé la croissance ni la création d’emplois.

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La loi Macron, que les parlementaires examinent actuellement, ne les enthousiasme pas plus : pour 72% d’entre eux, elle manque de cohérence. Et la majorité d’entre eux estime qu’elle ne va pas dans le bon sens, qu’elle ne va pas favoriser la croissance ni simplifier le quotidien des entreprises. Un pessimisme typiquement français qu’on retrouve encore lorsqu’on demande aux patrons si la croissance sera suffisante pour créer de l’emploi : la majorité des sondés (35%) affirme "ne plus croire à la croissance en France".

>> Retrouvez l’intégralité de cette étude :

YOUSCRIBE avec l’étude

Sondage mené par téléphone auprès d’un échantillon de 1.010 dirigeants d’entreprise entre le 4 et le 18 février 2015. Cette étude doit être menée tous les mois.