Lepaon : "mobiliser" sur les retraites

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Charles Carrasco , modifié à
INTERVIEW - Le secrétaire général de la CGT s'est dit "déçu" par la politique du gouvernement.

L'INFO. Il y avait la "rupture" réclamée par l'ancien président, Nicolas Sarkozy. Mais alors que François Hollande "fête" sa première année à l'Elysée et que les syndicats se retrouvent lundi à Matignon pour préparer la conférence sociale, Thierry Lepaon s'est dit "déçu", dimanche, par la politique de l'exécutif socialiste et réclame une (vraie) "rupture". Il a également appelé à une "mobilisation d’ampleur" sur les retraites. Extraits.

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Une politique contraire aux engagements. Pour le patron de la CGT, la politique actuelle ne va pas dans le bon sens. "Le gouvernement n'a pas choisi la rupture d'un point de vue économique avec les gouvernements précédents puisqu'on voit que les mêmes recettes vont produire les mêmes effets. C'est contraire aux engagements du président de la République et contraire aux engagements de campagne électorale des députés qui se sont fait élire sur des questions sociales", a-t-il estimé lors du Grand Rendez-vous Europe1 – i>TELE – Le Parisien – Aujourd’hui en France. "Nous avions appelé à voter Hollande pour deux raisons : battre Sarkozy et donner de l'espoir aux salariés", affirme Thierry Lepaon qui s'attendait à mieux après le quinquennat de Nicolas Sarkozy et la "détérioration du climat social".  

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Avec le refus de l'amnistie, les "salariés ont le sentiment d'être bafoués". Pire encore, les engagements ne sont pas tenus. "C'est quand même normal que la CGT espère que ceux qui prennent des engagements devant les Français les respectent", a-t-il affirmé. 

Davantage "d'écoute". A la veille de la réunion des syndicats à Matignon pour préparer la conférence sociale des 20 et 21 juin, Thierry Lepaon a demandé plus "d'écoute" de la part du gouvernement. "Nous ce que nous souhaitons, c'est faire le bilan des mesures annoncées lors de la grande conférence sociale il y a un an, voir ce qui a été décidé, voir ce qui a été mis en œuvre, voir ce qui a permis des avancées ou pas. Reprenons l'ensemble des chantiers et essayons de voir quel est le sens politique, social, environnemental, industriel dans notre pays", a-t-il plaidé. 

"On est là pour confronter nos points de vue. C'est l'objet d'une négociation, d'une concertation, d'une conférence sociale. Ce n'est pas possible que le gouvernement n'écoute pas les salariés", a-t-il affirmé.

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Inquiétude sur les "privatisations". Par ailleurs, Thierry Lepaon a jugé qu'en contrepartie du délai accordé par Bruxelles pour ramener le déficit budgétaire à 3%, le gouvernement "a lâché sur la question de la flexibilité, de la retraite et de la politique industrielle, et notamment sur la cession d'actifs de l'Etat dans deux grandes entreprises, EDF et la SNCF". "Cela veut dire que demain on risque d'avoir une ouverture à la concurrence, voire une privatisation de deux grandes entreprises qui aujourd'hui structurent notre pays", a-t-il estimé.

"La question de l'égalité de l'accès à l'énergie et aux transports ferroviaires, ce sont des questions sur lesquelles, sans débat national, le gouvernement est en train d'opérer des choix", a-t-il affirmé.

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Les retraites et "une mobilisation d'ampleur". Après la réforme des retraites de 2010 sous Sarkozy, la réforme de retraites de 2013 sous Hollande se profile. Et les leviers sont peu nombreux. Le numéro un de la CGT a demandé une réforme du financement des retraites "structurelle" qui passe, selon lui, par l'augmentation des salaires et par l'emploi et la croissance. Refusant une nouvelle adaptation du système actuel, il a prévenu que la CGT n'accepterait ni un allongement de la durée des cotisations ni une baisse du montant des pensions. Faute de quoi, le syndicat appellerait à des manifestations.

"Si on allait vers un salaire minimum à 1.700 euros, on n'aurait pas de problème de retraite", a-t-il dit. "L'autre curseur c'est l'emploi et donc la croissance", a-t-il estimé. Selon lui, "si on augmente les salaires et si on augmente le nombre de salariés au travail, on n'a pas de problème de retraite". Une augmentation de la durée de cotisation ? "De quoi parle-t-on ? Un jeune aujourd'hui a son premier CDI a 26 ans. Il cotise pendant 42 ans donc ça veut dire que son droit à la retraite, c'est 68 ans. Qu'est-ce qu'on veut de plus ? 70, 72, 74… Forcément, ce salariés n'aura pas sa retraite a 68 ans, il n'en pourra plus. Il faudra le pousser avec son petit chariot. Il n'aura pas une retraite pleine et entière. Cela ne lui permettra pas de vivre dignement", a déploré Thierry Lapaon. Quant au montant des pensions, il a déjà "considérablement diminué".

Si le gouvernement décide de désindexer les retraites et d'augmenter la durée de cotisation, la réponse de Thierry Lapaon est claire : il y aura une "mobilisation d'ampleur des salariés".