Le sommet européen sous pression

Un échec de la rencontre entre les chefs d'Etat à la fin de la semaine pourrait encore aggraver la crise, estime S&P.
Un échec de la rencontre entre les chefs d'Etat à la fin de la semaine pourrait encore aggraver la crise, estime S&P. © Maxppp
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avec agences , modifié à
S&P surveille un éventuel échec de la rencontre entre les chefs d'Etat jeudi et vendredi.

L'agence de notation Standard and Poor's attend beaucoup du Conseil européen qui doit se tenir à Bruxelles jeudi et vendredi. Un échec du sommet pourrait déclencher une nouvelle phase de la crise et peser encore plus sur la confiance des investisseurs, a prévenu Standard & Poor's. L'agence de notation est attaquée de toutes parts, en France comme dans le reste de l'Union européenne après avoir placé sous surveillance négative les notes des pays de la zone euro. S&P, qui a tenté de se justifier, a soufflé le chaud et le froid toute la journée de mardi.

Qu'attend S&P du sommet européen ? Standard and Poor's a prévu de s'assurer que le sommet européen débouchera sur des mesures susceptibles de "ramener la confiance" dans la zone euro. L'agence de notation a toutefois tenu à rassurer les pays. La dette de la France est durablement "soutenable" et Paris ne devrait pas rencontrer de difficultés particulières pour la financer sur les marchés, a ainsi estimé Moritz Kraemer, responsable des notations des Etats pour l'Europe de S&P.

Dans quel délai S&P va réagir ? A l'issue du sommet européen de la fin de la semaine, l'agence devrait se prononcer "plutôt tôt que tard" sur les perspectives des notes européennes. Moritz Kraemer a précisé que le calendrier était "largement déterminé par ce qui se passera sur le front politique".

La rencontre Merkel-Sarkoy n'a donc servi à rien ? Selon Moritz Kraemer, l'accord franco-allemand intervenu lundi sur le renforcement de la gouvernance de la zone euro est prometteur, sous réserve de sa mise en oeuvre par le sommet de Bruxelles, mais "il reste encore beaucoup de travail à faire". Pour S&P, la crise de la zone euro est désormais une crise de la gouvernance et une crise de gestion.   

Frank Gil, chargé des notations de la zone Europe chez S&P, a lui aussi estimé que le sommet européen de vendredi pourrait être une réussite si les dirigeants européens démontraient qu'ils ont une réelle stratégie de relance de la croissance et de mutualisation des risques. "Cela pourrait être au moins ce qu'on a déjà entendu de la part de la France et de l'Allemagne et qui a l'air prometteur : une transition vers une sorte de transfert budgétaire, de partage budgétaire", a -t-il déclaré.

Le FESF est-il aussi menacé ? L'agence Standard and Poor's a aussi mis le fonds de secours européen sous surveillance négative mardi. Le fonds est alimenté par des pays qui bénéficient de la note AAA - l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas. Mais si l'un d'entre eux venait à être dégradé, la note du FESF serait elle aussi automatiquement abaissée, au niveau du pays dont la note est la plus mauvaise.

Toutefois, l'agence de notation envisage un autre scénario dans le cas où la note de certains pays de la zone euro bénéficiant d'un triple A serait abaissée. "La note du FESF pourrait être maintenue (...) si nous avons des preuves que les pays de la zone euro apportant leurs garanties mettent en place des mesures pour améliorer la qualité de leur signature qui contrebalancent leur moindre solvabilité", indique S&P, sans donner plus de précisions.

La décision de S&P concernant le FESF interviendra dans les trois mois "et si possible avant", indique l'agence de notation, qui entend d'abord finir son évaluation des pays apportant leurs garanties au FESF.