Le revenu minimum universel garanti, idée clef de la campagne présidentielle

Manuel Valls veut porter l'idée d'un revenu minimum universel garanti pendant la campagne.
Manuel Valls veut porter l'idée d'un revenu minimum universel garanti pendant la campagne. © DOMINIQUE FAGET / AFP
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Anne-Laure Jumet et M.B.
Évoqué par certains candidats à droite, ce dispositif est également prôné par Manuel Valls, qui espère en faire un marqueur de gauche.

La réforme des minima sociaux est engagée. Des mesures de simplification sont en effet prévues dans le projet de loi de finances 2017, dont les grandes lignes macro-économiques devraient être dévoilées mardi. Parmi les mesures à prévoir, beaucoup concernent la simplification. Avec, notamment, l'inscription du principe "dites-le une fois", qui doit permettre de limiter le nombre de pièces justificatives à fournir lorsqu'une personne désire bénéficier de minima sociaux, comme le RSA. Le montant de ces minima sera également figé pendant trois mois, ce qui n'est pas le cas actuellement.

Une allocation unique. Et ce n'est qu'un début. Manuel Valls espère en effet aller plus loin dans la simplification, en mettant en avant l'idée d'un revenu minimum universel garanti. Une allocation unique, qui remplacerait tous les minima sociaux du RSA à l'allocation adulte handicapé en passant par le minimum vieillesse. Le scénario privilégié par le Premier ministre serait de fusionner la dizaine de subventions existantes pour instaurer ce revenu minimum, qui serait accessible dès l'âge de 18 ans - quand le RSA n'est, aujourd'hui, attribué qu'aux plus de 25 ans, sauf exception. 

De 400 à 500 euros par mois. Manuel Valls n'est pas le seul à parler aujourd'hui de revenu minimum universel garanti. Le sujet est aussi devenu primordial pour Michèle Rivasi, eurodéputée candidate à la primaire EELV, mais aussi Frédéric Lefebvre, candidat à la primaire de la droite qui n'a pas réussi à obtenir les parrainages nécessaires pour concourir, mais ne renonce pas pour autant à peser dans les débats. Les deux hommes divergent en revanche sur deux points importants : les conditions d'attribution et le montant de l'allocation. Pour Frédéric Lefebvre, il faut envisager un revenu minimum universel garanti compris "entre 800 et 1.000" euros. Surtout, le principe même de ce dispositif est d'être "universel", donc versé sans conditions de ressources. Manuel Valls, en revanche, s'appuie sur les propositions contenues dans le rapport Sirugue, qui parle plutôt d'une attribution sous conditions de ressources, et d'un montant de 400 euros mensuels. Auquel s'ajouterait un complément d'insertion de 100 euros par mois pour les 18-65 ans.

Marqueur de gauche. À Matignon, les équipes ne seraient pas forcément emballées par ce revenu minimum. "Mais Manuel Valls ne nous a pas lâchés", confie un conseiller. Le Premier ministre est en effet convaincu que ce sujet sera un enjeu de la campagne présidentielle. Et qu'il pourrait devenir une manière pour la gauche de se distinguer de la droite. Manuel Valls fait le pari qu'un revenu plus lisible sera plus acceptable par l'opinion publique, et que le volet insertion permettra de répondre à ceux qui voudraient accuser le gouvernement d'encourager l'assistanat. Son entourage indique que le chef du gouvernement devrait porter des propositions fortes dans les prochains mois.

Reste un problème : cette allocation grève le budget de l'État. L'étendre aux jeunes coûterait, selon une étude de Bercy, pas moins de 6,6 milliards d'euros.