Le Brexit fait craindre une crise immobilière

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ECONOMIE - Les investisseurs sont de plus en plus nombreux à vouloir retirer leurs billes du marché londonien, faisant craindre des réactions en cascade.

Il y a une chose que les acteurs économiques redoutent autant que la fiscalité : l’incertitude. Le Brexit étant probablement l’une des plus grands sauts dans l’inconnu des dernières décennies, les milieux économiques britanniques commencent logiquement à faire preuve de fébrilité. C’est notamment le cas dans l’immobilier, où commence à souffler un vent de panique bien concret : six groupes financiers ont décidé de geler leurs fonds immobiliers cette semaine. Si cette décision peut sembler anecdotique vu de France, elle est pourtant révélatrice de la zone de turbulence que traverse le Royaume-Uni et qui pourrait s’étendre à ses voisins.

Pourquoi l’immobilier londonien vacille-t-il ? Le marché immobilier local est victime d’un retournement de marché. Au cours des dernières années, la demande était supérieure à l’offre, si bien que les prix n’ont cessé de grimper. Une inflation accentuée par l’arrivée d’étrangers fortunés et d’investisseurs : ces derniers ont injecté beaucoup d’argent pour acheter des immeubles et des entrepôts dans l’espoir de les revendre plus cher ultérieurement. Cet afflux d’argent contribue à faire bondir les prix, une dynamique qui attire alors de nouveaux investisseurs, etc. Résultat, les prix dans la capitale dépassent aujourd’hui de 54% le pic atteint avant la crise financière internationale de 2008-2009, selon l’AFP.

Une dynamique qui peut perdurer tant que tout le monde reste persuadé que les prix vont continuer à augmenter. Or, la moindre secousse peut l’enrayer. Surtout si une partie des propriétaires – les investisseurs et non ceux qui achètent pour se loger - commencent à penser que leur bien pourrait être surévalué et qu’il faut donc le vendre au plus vite. Ce que de plus en plus d’investisseurs commencent à penser.

Pourquoi le sujet est-il pris très au sérieux ? Les sommes investies dans l’immobilier sont telles que l’éclatement d’une bulle ne fragiliserait pas que les seuls acteurs de ce secteur (fonds immobilier, entreprises de construction, agences immobilières et autres intermédiaires) : les banques et les assureurs qui ont prêté de l’argent ou investi dans des opérations immobilières pourraient être rattrapés par la crise et leurs difficultés pourraient alors déstabiliser tout le reste de l’économie britannique et malmener la croissance. Un effet domino d’autant plus redouté que c’est ce qui était arrivé lors de la crise des subprimes : les difficultés avaient commencé dans le secteur immobilier, avant de toucher la finance et les marchés boursiers puis le reste de l’économie américaine et enfin mondiale.

Comment éviter un effet domino ? La meilleure manière d’éviter une telle contagion est de geler l’activité dans le secteur le plus menacé, le temps de calmer les esprits, d’éviter des faillites et de trouver des solutions pour limiter la chute des prix. C’est d’ailleurs la décision prise cette semaine par six groupes financiers, qui ont gelé leurs fonds immobiliers. En clair, leurs clients qui veulent sortir de ces fonds et récupérer leur argent ne peuvent plus le faire pour un certain temps car les fonds en question n’ont pas assez de liquidité et doivent donc d’abord vendre des biens immobiliers ou trouver de nouveaux clients avant de rendre aux premiers investisseurs les sommes investies.

La Banque d’Angleterre a également pris des décisions mardi pour éviter que l’économie britannique ne cale. Estimant que des risques pour la stabilité financière avaient "commencé à se manifester", l’institution a décidé de faire un geste pour aider les banques. Le montant minimum d’argent qu’elles doivent conserver dans leurs caisses a été revu à la baisse, afin qu’elles puissent prêter ces sommes et soutenir l’activité économique. Grâce à ce coup de pouce, les banques sont censées pouvoir injecter environ 180 milliards d’euros supplémentaires.

>> Retrouvez, sur le même sujet, l'Edito économique de notre chroniqueur Nicolas Barré : 


Brexit : mondialisation vs. protectionnismepar Europe1fr