JPMorgan investit des millions d’euros en Seine-Saint-Denis : "Nous avons une responsabilité sociétale"

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JPMorgan est une des plus grandes banques au monde. © ROBYN BECK / AFP
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avec Emmanuel Duteil , modifié à
Invité d’Europe 1, le patron France de JPMorgan détaille pourquoi la grande banque américaine va investir 27 millions d'euros dans le but d'accompagner les associations et les PME d'Île-de-France, principalement en Seine-Saint-Denis.
INTERVIEW

C’est une annonce inattendue mais plutôt bienvenue : la banque américaine JPMorgan va investir 30 milllions de dollars (près de 27 millions d'euros) sur cinq ans en Île-de-France, particulièrement en Seine-Saint-Denis, pour aider "les quartiers populaires" et les petits entrepreneurs. "C’est le territoire le plus pauvre de France, il y a énormément de chômage chez les jeunes, des gens qui sont totalement exclus du marché du travail. Une grande entreprise comme nous a une responsabilité sociétale", explique Kyril Courboin, directeur général France de JPMorgan, invité de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, lundi sur Europe 1.

Écoutez l'interview intégrale de Kyril Courboin à 22h20 dans le grand journal de la nuit d'Isabelle Millet. Le replay de l'émission est à retrouver ici.

Collaboration avec des associations. Cet "investissement philanthropique", dont les détails seront dévoilés mardi, est réalisé par le biais de la fondation JPMorgan, "dotée de moyens très importants puisque nous sommes une grande banque", précise Kyril Courboin. "Notre fondation ne fait qu’une chose : de la réinsertion professionnelle et de l’inclusion économique. On travaille sur l’emploi des jeunes et le retour à l’emploi." JPMorgan compte s'appuyer sur des associations et des instituts avec lesquels la banque a déjà collaboré tels que Les Compagnons du Devoir, Simplon.co, Sport dans la Ville, l'AFMAe (Association pour la formation aux métiers de l'aérien) et Mozaik RH.

"On a opté pour la Seine-Saint-Denis parce qu’on connaît bien la France, pas uniquement Paris. Cela fait 150 ans que nous sommes présents ici", rappelle Kyril Courboin. "Sur ce territoire, il y a énormément de projets et de gens brillants mais malheureusement, il y a parfois de la discrimination", ajoute le patron de JPMorgan en France. Et de citer un exemple concret de solution mise en place avec les Compagnons du Devoir : "Quand vous êtes un compagnon, vous pouvez former une vingtaine de jeunes en 18 mois. Il faut essayer de démultiplier les efforts. Pour ce faire, on va digitaliser les programmes des Compagnons du Devoir pour former plus de gens plus rapidement".

S’intéresser aux compétences des jeunes plus qu’à leur CV. L’autre objectif de JPMorgan est de s’attaquer aux offres d’emploi non-pourvues, dues "bien souvent, à un problème de correspondance entre l’offre et la demande", selon Kyril Courboin. Pour le résoudre, la banque va aider les associations à mettre en place "un programme de 'matching' des offres d’emploi avec les demandeurs". "Nous voulons aller au-delà du CV, ce sont les compétences qui nous intéressent", souligne-t-il. "On a recruté nous-mêmes aux Ressources humaines de la banque, en France, un jeune originaire des 'quartiers' qu’on n’aurait pas identifié si on n’avait pas fait de bilan de compétences."

L’investissement de JPMorgan s'inscrit dans le cadre de l’initiative "AdvancingCities", un programme de 500 millions de dollars (près de 440 millions d'euros) sur cinq ans. Après Chicago, Detroit et Washington, l’Île-de-France est le premier territoire à en bénéficier hors des États-Unis. "C’est moi qui suis allé à New York pour expliquer qu’en France aussi il y a des banlieues en difficulté. Mais ce sont aussi les États-Unis qui sont venus à la France", explique Kyril Courboin. "Peter Scher, le responsable de nos activités de RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr), membre du comité exécutif de la banque, est venu en juin pour faire le constat lui-même. Il a repéré les besoins et surtout les grands projets pour lesquels nous pouvons jouer un rôle de catalyseur."