Grève : pourquoi les fonctionnaires manifestent-ils mardi ?

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Les fonctionnaires manifestent pour la troisième fois depuis octobre. © PASCAL GUYOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Les fonctionnaires descendent dans la rue à l’appel de l’ensemble des syndicats de la fonction publique pour protester contre le projet de loi du gouvernement.

Salaires, effectifs, réformes en cours... Les mécontentements s'accumulent chez les fonctionnaires, qui comptent bien se faire entendre mardi lors d'une journée de grève et de manifestations, la troisième depuis le début du quinquennat. À l'appel unitaire des syndicats de la fonction publique, entre 130 et 140 manifestations sont prévues partout en France. Les trois versants de la fonction publique - État, territoriale et hospitalière - sont appelés à faire grève. Des perturbations sont notamment à prévoir dans les écoles, les services à la petite enfance, les vols et l'énergie.

Que contient le projet de loi du gouvernement ?

La grogne des fonctionnaires n’est pas nouvelle. Dès la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir alléger la fonction publique pour faire des économies de fonctionnement. Depuis, l'exécutif a successivement confirmé la suppression de 120.000 postes de fonctionnaires d'ici 2022 et annoncé la ré-instauration du jour de carence, le gel du point d'indice servant au calcul de leur rémunération, ainsi que le report d'un an du plan de revalorisation des carrières (PPCR).

Projet de loi contesté. Déjà réunies pour une première journée de mobilisation le 10 octobre, les fédérations CGT, CFDT, FO, Unsa, FSU, Solidaires, CFTC, CFE-CGC et FA de la fonction publique, représentant les 5,7 millions d'agents publics, n'avaient pas lancé d'appel unitaire depuis une dizaine d'années. Le 22 mars, la CFDT et l'Unsa ne s'étaient pas jointes à la mobilisation, qui avait rassemblé plus de 300.000  personnes dans les rues, pour laisser une chance à la concertation qui venait d'être annoncée par le Premier ministre.

Mais à l'ouverture officielle des négociations fin mars, toutes les organisations ont dénoncé les orientations du gouvernement, qui constituent selon elles une "attaque" du statut de fonctionnaire : simplification du dialogue social, extension du recours aux contractuels, part accrue de rémunération au mérite et accompagnement des mobilités de carrière, y compris vers le secteur privé. Ces mesures, qui doivent déboucher sur un projet de loi au 1er semestre 2019 et auxquelles s'ajoutent les inquiétudes entourant le futur rapport d'experts CAP 22, qui dégagera des pistes d'économies, ont continué d'attiser la tension qui règne depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.

"Pas de remise en cause du statut". Le secrétaire d'État à la Fonction publique, Olivier Dussopt, a assuré lundi que le gouvernement ne remettra pas en cause le statut des fonctionnaires. "Il y aura des ajustements, une modernisation mais pas de remise en cause", explique Olivier Dussopt, dans une interview à Libération. Concernant CAP 22, il s'attend à "un certain nombre de propositions, plus ou moins disruptives" mais "ce rapport n'engage pas le gouvernement et une phase de concertation avec les différentes parties prenantes s'ouvrira à la remise de celui-ci".

Quelle sera l’ampleur de la mobilisation ?

La mobilisation, qui se présente "sous les meilleurs auspices" au vue des "remontées", selon Jean-Marc Canon (CGT), entend ainsi peser sur le rendez-vous salarial prévu mi-juin, alors que tous les syndicats dénoncent un manque de dialogue social. À Paris, le cortège s’élancera à 14h de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation. Les leaders de la CGT, de Force Ouvrière (FO) et de la CFDT y défileront ensemble pour la première fois depuis 2010, lors de la contestation contre la réforme des retraites. Outre Philippe Martinez, Pascal Pavageau et Laurent Berger, seront également présents Luc Bérille (Unsa), François Hommeril (CFE-CGC) et Philippe Louis (CFTC).

A Paris, un comptage des manifestants sera réalisé par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont Europe 1.

Un seul message. "Ils seront tous sur la ligne de tête", se réjouit Bernadette Groison secrétaire générale de la FSU, première organisation syndicale de la fonction publique d'État. "Grâce à la fonction publique, toutes les organisations syndicales de ce pays seront ensemble", s'est-elle félicitée. "Ça signifie qu'effectivement les enjeux sont très lourds". Alors que le conflit à la SNCF dure, des cheminots pourront se joindre localement aux cortèges. Mais pas question de brouiller le message : la journée restera "clairement identifiée fonction publique", a insisté Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonction publique.

Qui dit manifestations de fonctionnaires dit perturbations dans les services publics. L'accueil des tout-petits dans les crèches sera perturbé avec des horaires d'ouverture restreints, ou des fermetures partielles ou totales. Côté maternelles et écoles primaires, on annonce 20% de grévistes. Dans les transports, la Direction générale de l'aviation civile a recommandé aux compagnies aériennes de réduire de 20% leur programme de vols. Le secteur de l'énergie est également mobilisé et des coupures de courant sont possibles localement.