Grèce : pourquoi les marchés restent (à peu près) sereins

© LOUISA GOULIAMAKI / AFP
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avec N.M. , modifié à
Les Grecs ont rejeté les exigences des créanciers. Les bourses ont baissé lundi mais ne se sont pas effondrées.

Sans surprise, les Bourses de la zone euro ont clôturées en baisse lundi, au lendemain de la victoire écrasante du "non" (61%) lors du référendum grec. Avec ce "non", les Grecs ont rejeté les exigences des créanciers, ouvrant une forte période d'incertitude. Athènes obtiendra-t-elle une nouvelle aide ? Les banques, déjà à court de liquidité, tiendront-elles le coup en attendant la fin des négociations ? La Grèce remboursera-t-elle un jour ses dettes ? Sortira-t-elle de la zone euro ? Face à ces questions, les marchés se sont montrés perturbés, mais ne se sont pas effondrés. 

Les bourses et l'euro fébriles. Après des premières pertes dès lundi matin, à 16 heures, la Bourse de Francfort perdait 1,27%, Paris 1,76%, Londres 0,72%, Madrid 2,37% et Milan 3,57%. Et à leur fermeture lundi soir, les baisses se sont confirmées : -2,01% à Paris, -1,52% à Francfort, -0,76% à Londres.

L'euro, lui, est resté sous pression mais son recul est modéré : il a cédé ainsi 0,5% contre le dollar et s'échangeait autour de 1,1058 dollar. Euro et marchés ont, semble-t-il regagné un peu de couleurs après l'annonce de la démission du controversé ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.

Outre-Atlantique, Wall Street a aussi clôturé en baisse lundi (-0,25% pour le Down Jones et -0,34% pour le Nasdaq). Les cours du baril de pétrole ont, pour leur part, ouverts en baisse lundi avant de clôturer avec un -8%, à 52,53 dollars le baril. À l'inquiétude sur le déséquilibre entre offre et demande sont venus s'ajouter le référendum grec mais aussi les incertitudes autour des négociations sur le nucléaire iranien.

Enfin, si les bourses asiatiques ont également perdu du terrain, c'est en partie à cause de la situation européenne mais aussi de la politique monétaire chinoise : Tokyo a terminé en recul de 2,08%, Hong Kong de 3,18%. Même Sydney a clôturé en repli de 1,14%.

Les taux d'emprunt inquiètent, un peu. Les emprunts d'Etats des pays périphériques de la zone euro se montrent eux aussi volatiles. Le taux grec d'emprunt a beaucoup souffert en grimpant à 18%. Les rendements à 10 ans italien et espagnol ont atteint, eux, des plus hauts à 2,75% et 2,6% en début de matinée, avant de redescendre à 2,35% et 2,3%. En clair, ces pays empruntent de plus en plus cher. La grande inconnue de la crise grecque pour le reste de la zone euro réside d'ailleurs dans la réaction des marchés. Si l'étiquette zone euro ne garantit plus la solvabilité, le risque est que les investisseurs se montrent de plus en plus durs dans leurs prêts aux pays en difficulté, comme l'Espagne ou l'Italie.

Pourquoi ça ne s'effondre pas ? Toutefois, pour le ministre des Finances Michel Sapin, invité lundi d'Europe 1 : "C'est la Grèce qui est en difficulté. L'Europe n'est pas dans la difficulté". La raison de cette relative accalmie ? "La BCE s'est donnée les moyens d'intervenir contre la spéculation. Elle peut intervenir pour faire baisser les taux et ça, les marchés le savent. C'est pourquoi ils n'attaquent pas", analyse lundi sur Europe 1 l'éditorialiste Axel de Tarlé.


Non au référendum grec, les bourses ne s...par Europe1fr

"Cette sérénité des marchés est un argument de plus pour une sortie de la zone euro. Si tout est simple, s'il n'y a ni panique ni risque de contagion, Alexis Tsipras aura une carte en moins", poursuit l'éditorialiste. Et de mettre en garde, toutefois : "à moyen termes, cela reste un jeu de billards à plusieurs bandes et il reste très difficile d'anticiper les conséquences d'une sortie de la Grèce de la zone euro".