Forum de Davos : "Il n'y a plus de secret"

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Martial You, envoyé spécial d'Europe1 à Davos , modifié à
L'OEIL DE DAVOS -  Le Forum économique mondial se démocratise : blogueurs, twittos et autres journalistes se partagent les offs des patrons et des politiques.

Ils sont des dizaines assis par terre, un portable avec une caméra clipée sur l'écran, les doigts frénétiques sur le clavier et arborant le badge beige de la presse accréditée... Ils sont blogueurs, geeks, indépendants et ils ouvrent en grand les portes de l'événement le plus sécurisé de la planète, le Forum économique mondial, qui se tient dans la station suisse jusqu'au 25 janvier. 

"On ne source pas". "Il n'y a plus de secret à Davos, c'est un mythe mais c'est fini", observe Loïc Le Meur. Le Français installé maintenant dans la Silicon Valley avait créé le blog Davos en 2004. Dix ans plus tard, le monde a changé et la communication sur le forum aussi. "Il n'y a qu'une limite. Quand on se glisse dans des réunions "off", on ne source pas les propos qui sont dits. Mais on les donne quand même. Le plus frappant ici, c'est que tout le monde sait désormais qu'il est observé en permanence. Tiens, demain, je vais me déplacer avec mes Google Glass pour voir comment ils réagissent" lance le blogueur, un peu frondeur, dans un éclat de rire.

Les communicants se régalent. Les participants au Forum ne sont pas des amateurs. Les organisateurs sont les premiers à communiquer sur l'ouverture du forum au monde entier. "Ce n'est plus un rendez-vous de happy few et tant mieux", constate John Rossant, le PDG de PublicisLive qui s'occupe depuis des années de la logistique de Davos. "On a rajeuni le public, c'est sûr. Quand une conférence ou un thème fait réagir sur Twitter ou Facebook, ça oriente les débats", sourit-il.

Salle de presse Davos

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Twitter à Davos, parole aux femmes. Le public est plus jeune, plus mondial aussi puisque les altermondialistes ou toute personne qui s'intéresse à l'économie globale peut suivre l'essentiel des échanges depuis son salon. Des réseaux plus féminins aussi car c'est l'un des enseignements de l'année dernière, ce sont les femmes qui ont été le plus actives sur la toile et dans les forums internet autour de Davos. Une petite place en marge de cet univers très majoritairement masculin.

100 contributeurs recrutés. Car ce qui se passe sur ces réseaux est scruté à la loupe. Parfois en direct par les plus connectés des patrons qui ne résistent pas à jeter un oeil sur leurs smartphone pendant une table ronde. En permanence par les équipes de Davos. Une brigade de 100 contributeurs (comme on dit) a été engagée pour animer les pages et les discussions autour du World Economic Forum (le WEF). Et ça marche puisque le nombre de tweets reprenant le hashtag spécifique de Davos a explosé en quelques éditions en passant de 20.000 en 2012 à plus de 100.000 attendus cette année.

L'intimité a un prix. Pour l'intimité que recherchent les participants, il reste encore un havre de paix, concède Loïc Le Meur, toutes les réunions qui ne sont pas au programme officiel et qui se déroulent dans l'anonymat des salles des grands hôtels. Mais attention à la note. Par exemple, le cabinet d'un des ministres français qui voulait organiser une petite rencontre dans une salle de vingt personnes s'est vu présenter une facture de près de 10.000 euros. Le meeting a été annulé.