Florange : Mittal veut rassurer

Le ton s'est durci jeudi entre les syndicats de Florange et le gouvernement.
Le ton s'est durci jeudi entre les syndicats de Florange et le gouvernement. © REUTERS
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MINUTE PAR MINUTE - Les critiques à l'encontre du gouvernement ont fusé vendredi.

# L'essentiel

• ArcelorMittal confirme ses engagements. Jeudi, le groupe industriel avait annoncé qu'il se retirait d'Ulcos, pour cause de problèmes techniques. Vendredi soir, il a confirmé la mise en place d'un "comité de pilotage des travaux". ArcelorMittal annonce également que le détail des investissements sera présenté le 13 décembre.

Les salariés de Florange occupent leur usine. Emmenés par le délégué CFDT, Edouard Martin, une partie des salariés du site ont décidé d'occuper les hauts fourneaux pour empêcher leur arrêt.

François Hollande temporise. Pour désamorcer le conflit, le chef de l'Etat a soutenu que les "engagements" du groupe seraient tenus.

# Les articles à lire

Mittal livre sa version des faits

Revue de presse : Ayrault est "humilié", "laminé"

Christian Eckert : "Mittal joue au Monopoly"

# Le minute par minute

Toute l'équipe d'Europe1.fr, qui a contribué à l'animer vendredi, vous remercie de l'avoir suivi en notre compagnie.

19h10. L'aciériste réaffirme son engagement sur Florange. Dans un communiqué, ArcelorMittal a réaffirmé que ses engagements seraient "tenus". Le groupe a ainsi annoncé que le programme d'investissement de 180 millions d'euros serait détaillé le 13 décembre, et devrait débuter "dès le premier trimestre 2013". Le groupe explique également qu'un comité de pilotage sera mis en place pour suivre le dossier Ulcos, et que 13 millions d'euros seront investis en recherche et développement."Florange restera un site de référence en Europe", conclue la direction d'ArcelorMittal.

18h20. ArcelorMittal gagnant des négociations ?Selon un sondage BVA pour iTélé, trois Français sur quatre estiment que le groupe sidérurgique est le grand vainqueur des négociations. A peine 17 % d'entre eux estiment que l'accord signé vendredi dernier est équilibré. Par ailleurs, 73 % des personnes interrogées sont mécontentes de la gestion du dossier par Jean-Marc Ayrault.

17h24. Hamon demande la nationalisation. L'aile gauche du PS, et notamment Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire, a appelé vendredi à une "nationalisation temporaire" de Florange. "Il faut maintenant utiliser l'instrument de la nationalisation provisoire et faire voter en urgence la loi promise sur les reprises de sites industriels", annonce dans un communiqué le courant "Un monde d'avance", dont font partie Benoît Hamon, Henri Emmanuelli et Barbara Romagnan.

16h55. L'usine de Fos en grève. L'usine ArcelorMittal de Fos-sur-mer, dans les Bouches-du-Rhône, est en grève vendredi pour la deuxième journée consécutive, par solidarité avec Florange. Selon la direction, la production n'est pas affectée, tandis que les syndicats affirment eux que "400 tonnes d'acier ont dû être jetées", à causes de plusieurs blocages.

15h20. Montebourg "pense" aux salariés de Florange. En marge d'une visite de l'usine de jouets Smoby, dans le Jura, le ministre du Redressement productif a exprimé sa sympathie pour les salariés de Florane : "Je pense à eux", a-t-il déclaré, sans en dire plus sur le dossier

14h44. Montebourg avoue qu'il n'a plus le droit de parler de Florange. "Je ne parle pas de l’acier, c’est un sujet qui m’est interdit depuis quelques heures", aurait reconnu jeudi soir le ministre du Redressement productif, cité par le site de Challenges, devant un parterre d’hommes politiques et de chefs d’entreprises, réunis par l’Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen). 

14h. "L'accord n'a pas été signé à l'encre sympathique."  Harlem Désir, premier secrétaire du PS, a estimé  vendredi que l'accord signé entre le gouvernement et ArcelorMittal sur Florange "ne pouvait pas s'effacer" car il "n'a pas été signé à l'encre sympathique". "La condition qu'a posée l’État, c'est qu'ArcelorMittal s'engage dans le maintien de l'emploi et le développement du projet industriel d'avenir. C'est cela l'engagement que Mittal a été contraint de passer", a rappelé l'eurodéputé socialiste, estimant qu'en cas de non respect, l’État pourrait brandir à nouveau la menace de la nationalisation provisoire.

13h. Le roux reconnait une "erreur de communication". Le patron des députés socialistes a estimé vendredi que le gouvernement avait pu faire une "erreur de communication" dans la gestion du dossier de l'usine ArcelorMittal de Florange, en laissant penser qu'une nationalisation pouvait être la solution. "L'erreur, ça a pu être à un moment donné de faire que ce qui nous apparaissait comme un moyen de pression soit vécu comme l'unique solution", a déclaré Bruno Le Roux à Reuters.

Dans une interview qu'Europe1 s'est procurée, et destinée à être diffusée à l'intérieur du groupe ArcelorMittal, le dirigeant contesté s'explique sur Florange. "Il s’agit clairement d’une question délicate pour les personnes concernées, mais il est inexact de dire que la société n’a pas respecté ses engagements", assène-t-il notamment, en réponse aux allégation d'Arnaud Montebourg. Lakshmi Mittal l'assure : la fermeture de Florange est prévu depuis 2006.

Le dirigeant explique qu'il s'engage à ne pas démanteler le site, mais ne s’engage que sur six ans. Par ailleurs, contrairement à plusieurs informations de presse, il affirme qu'il n'y avait aucune offre de reprise pour Florange et qu'il était bien prêt à revendre le site si un repreneur s'était fait connaitre.

>> À lire : Florange, la réponse de Lakshmi Mittal

11h20.Ulcos : "un pari pour l'avenir", selon Cohn-Bendit. "Le problème d'Ulcos, c'est que le stockage de CO2 ça ne vaut pas le coup aujourd'hui c'est trop cher, c'est-à-dire que ce n'est pas rentable et ça ne serait pas rentable même pour une entreprise nationalisée", a déclaré sur Canal+ Daniel Cohn-Bendit. Il a notamment cité le cas de l'Allemagne où, selon lui, de nombreux projets de CO2 avaient été abandonnés parce qu'ils n'étaient pas rentables.

Était-ce alors une erreur de reposer la pérennité des hauts-fourneaux de Florange sur Ulcos ? Jean-Marc Ayrault "a fait un pari sur l'avenir", a répondu l’eurodéputé écologiste. "Il faudrait voir quel est le financement des perspectives de stockage de CO2, qui n'est pas encore garanti d'autant plus que les Etats ne veulent pas mettre de l'argent pour ce genre d'opération", a-t-il développé.

10h35. "Un camouflet honteux pour Dati.  "Je suis très choquée par ce camouflet honteux que vient de nous infliger M. Mittal avec la complicité de Jean-Marc Ayrault et de François Hollande. C'est absolument inacceptable", a dénoncé l'ancienne ministre de la Justice UMP, Rachida Dati, vendredi sur France Info. "Si le Premier ministre était au courant du revirement de Mittal sur le projet Ulcos, il doit rendre des comptes", a-t-elle réclamé. Ou bien "il ne le savait pas et c'est pire, cela démontre l'incompétence et l'amateurisme de Jean-Marc Ayrault et de son gouvernement", a poursuivi l'eurodéputée.

Florange :  Dati dénonce le "camouflet honteux"...par FranceInfo

9h30. "Trop fort ce mec, c'est un magicien." "Il vous sort le problème technique du chapeau, il est trop fort ce mec, c'est un magicien", a raillé Edouard Martin, vendredi sur France Inter, au sujet du projet Ulcos retiré par Mittal. "OK, on nous donne rendez-vous dans six ans, mais on sera où dans six ans?", se demande-t-il. Au sujet de la réponse de François Hollande : "Il nous a répondu. On va dire que c'est un point positif. Maintenant, je ne demande qu'à croire." Le leader syndical prévient : "C'est la collectivité qui va devoir prendre en charge les futurs chômeurs. Moi, j'ai 49 ans, demain je suis licencié: qui va m'embaucher?"

9h00. Copé attaque. Jean-François Copé a déploré vendredi un "manque de visibilité" de la politique gouvernementale. Sur RTL, le président contesté de l'UMP a d'abord relevé que "la gestion des dossiers de crise industrielle comme celle que connaît la sidérurgie française est toujours extraordinairement difficile". Mais "ce qui me trouble énormément, c'est la succession d'annonces, de contre-annonces qui donnent le sentiment qu'en réalité, rien de tout cela n'est vraiment tenu", a ajouté le député-maire de Meaux.

8h30. "Mittal joue au Monopoly". "Le problème de Mittal, c'est qu'il joue au Monopoly", a taclé vendredi Christian Eckert, député PS de Meurthe-et-Moselle, interrogé par Europe1. "Il a des unités au Luxembourg, il en a en Inde. Il met des brevets partout pour profiter des meilleures dispositions fiscales", a-t-il assené. "On ne peut pas dire qu'il est malhonnête. Seulement c'est à nous de créer les règles en France pour qu'il ne puisse pas nous promener et surtout promener les salariés".

7h40. "Montebourg a sa place au Rassemblement Bleu Marine". Florian Philippot (FN) a invité vendredi Arnaud Montebourg (PS), "humilié", selon lui, dans le dossier Florange, à rejoindre le Rassemblement Bleu Marine, structure visant à accueillir ceux qui rechignent à rejoindre le parti d'extrême droite. "Si Arnaud Montebourg est sincèrement protectionniste, il a toute sa place au Rassemblement Bleu Marine. S'il est sincèrement protectionniste, il ne peut pas rester décemment dans ce gouvernement qui est pour l'ouverture totale des frontières, et qui est soumis comme l'UMP à l'Europe de Bruxelles", a-t-il ajouté.

8h00. La presse charge l'exécutif. Plusieurs éditorialistes se déchaînent vendredi contre la gestion du dossier par l'exécutif, dénonçant une "déroute" de Jean-Marc Ayrault et un "échec" de François Hollande. "Après avoir balayé la proposition de Montebourg de nationaliser le site, après avoir affirmé que Mittal s’était plié aux volontés du gouvernement et après avoir fait la sourde oreille aux critiques syndicales justifiées, le Premier ministre a essuyé hier un revers cinglant", tacle ainsi Eric Decouty dans Libération. "La déroute du Premier ministre signe également l’échec du Président", assène-t-il.

Une libé copie

© Capture d'écran Libération.fr

Selon Bruno Dive, de Sud-Ouest, le Premier ministre sort "laminé" de cet exercice. "On a connu des Premiers ministres conspués par la rue, d’autres secoués par une canicule, d’autres encore piétinés par un hyperprésident", souligne-t-il. "Mais jamais encore on n’avait vu de Premier ministre humilié à ce point par un grand patron, qui plus est étranger". C'est un véritable "coup de pied de l’âne qui a été administré, hier, par ArcelorMittal au gouvernement", renchérit Jacques Camus (La République du Centre), parlant d'un "cinglant camouflet pour l'exécutif".