Fin du nucléaire: les menaces de Proglio

Cette offensive du PDG d’EDF intervient en plein débat sur l'avenir de l'atome et à six mois de la présidentielle.
Cette offensive du PDG d’EDF intervient en plein débat sur l'avenir de l'atome et à six mois de la présidentielle. © MAXPPP
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AFP avec le Parisien , modifié à
Cette offensive du PDG d’EDF intervient en plein débat sur l'avenir de l'atome.

Le PDG d’EDF Henri Proglio en est convaincu : "il ne faut pas sortir du nucléaire en France". Dans un entretien accord au Parisien mercredi, il s'explique. "Cela augmenterait probablement de 50% les émissions de gaz à effet de serre à cause de l’utilisation du charbon, du gaz et du pétrole pour remplacer le nucléaire", argumente-t-il, ajoutant que cela "impliquerait un investissement de 400 milliards d’euros pour remplacer le parc existant par des moyens alternatifs, ce qui se traduirait par un doublement de la facture d’électricité".

Un tel choix menacerait aussi "400.000 emplois directs et indirects dans la filiale nucléaire, 500.000 emplois dans les entreprises actuellement localisés en France", auquel il faut ajouter "100.000 emplois futurs provenant du développement du nucléaire mondial à partir de la France, soit près d’un millions d’emplois", additionne Henri Proglio.

Un abandon de l'atome entraînerait aussi, selon lui, "une progression des énergies fossiles (gaz et charbon, soit un accroissement de 25% des émissions de gaz à effet de serre en France, la MDE (maîtrise de la demande d'électricité) et les ENR (énergies non renouvelables) ne suffisant pas à remplacer la base nucléaire installée", a-t-il averti mardi à l’AFP. Il a appelé en conséquence à "parier sur le bon sens" pour ne pas perdre cet "atout majeur" pour la France qu'est l'atome.

"Pas de pénurie d'électricité cette année"

Henri Proglio, s’est par ailleurs montré rassurant sur les risques de pénurie d’électricité : "la France ne manquera pas d’électricité cet hiver. Nous avons été exportateur d’électricité l’an dernier, nous le serons encore cette année", a-t-il affirmé, soulignant : "La France est l’un sinon le seul pays européen à avoir assuré son indépendance énergétique grâce à sa production nucléaire".

Interrogé sur la sûreté des centrales nucléaires françaises, Henri Proglio affirme "n’avoir jamais sacrifié leur sûreté". Concernant la centrale de Fessenheim, située en zone sismique, dans l’est de la France, il affirme : "le risque sismique a été réactualisé. La centrale pourrait résister à un tremblement de terre deux fois supérieur au séisme historique qui a frappé la région au XIVe siècle".

Pour le PDG de Proglio, la comparaison entre Fukushima et les centrales françaises est difficile à établir puisque  "les systèmes français et japonais sont très différents. Au Japon, l’opérateur Tepco gérait une centrale livrée clefs en main par l’Américain GE. En France, EDF est à la fois concepteur et exploitant, et tous les accidents dans le monde sont analyser pour améliorer en permanence la sûreté de nos centrales qui sont reconnues comme étant les plus sûres".

Enfin au sujet du retard pris par le chantier de l’EPR de Flamanville, Henri Proglio a annoncé qu’il "sera mis en service en 2016 avec quatre ans de retard" et de conclure que "le projet initial était assez irréaliste puisque l’on prévoyait de construire une centrale nouvelle génération en quarante mois. Cela ne s’est jamais fait dans l’histoire du nucléaire mondial".