Essence : pourquoi les prix flambent ?

La crise politique en Libye, qui fournit à la France 16% de ses besoins en pétrole, a un impact très important que les prix à la pompe.
La crise politique en Libye, qui fournit à la France 16% de ses besoins en pétrole, a un impact très important que les prix à la pompe.
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avec Ariane Lavrilleux , modifié à
Du fait des événements en Libye, les prix à la pompe fluctuent quotidiennement. Explications.

C’est ce qu’on peut appeler un effet domino. L’état d’insurrection en Libye a bien entendu des conséquences politiques, mais aussi économiques. L’impact de la révolte s’est en effet rapidement fait ressentir sur les marchés du brut.

Depuis le 15 février, le prix du baril de pétrole brut a pris 15 dollars, pour frôler les 100 dollars. Une hausse fulgurante, qui a provoqué des remous sur les marchés… Et dans les stations-services françaises. Car, quand le baril augmente d’un dollar, le prix du litre de gazole à la pompe augmente de 0,5 à 0,75 centimes.

Les prix doivent s’adapter au marché

Le prix du baril est devenu tellement volatile que les stations-service changent leurs prix tous les jours. En temps normal, lorsque le prix du baril est stable, les stations-services ne réajustent leurs prix qu’une ou deux fois par semaine.

"Ce qui change, c’est la fréquence de modification des prix à la pompe", explique ainsi à Europe 1 Alexandre de Benoist, le directeur délégué de l’union des importateurs pétroliers, qui représente les enseignes Carrefour, Auchan et Casino. Les stations-services doivent "tenir compte de la volatilité des cotations internationales des produits finis."

Or, l’incertitude politique qui règne depuis deux semaines en Libye "entraîne une grande nervosité dans les marchés du brut, une variation très forte dans le marché international" et, par ricochet, "une variation assez forte des cotations sur le marché des produits finis en Méditerranée, et sur la zone Amsterdam-Rotterdam-Anvers", développe Alexandre de Benoist.

Une méthode de calcul stable

L’évolution des derniers jours a néanmoins été tellement forte, brutale et aléatoire qu’il n’a pas été possible de lisser les prix. Total, par exemple, n’a pas changé son mode de calcul mais a augmenté le prix du gazole de 30 centimes.

Le prix d’achat des produits achetés par les raffineries "dépend directement des cotations des places où se forment les prix", rappelle aussi le responsable. Le mode de calcul est donc toujours le même, pour toutes les stations. Toutefois, chaque enseigne a ses propres règles, mais s’efforce de garder les prix les plus stables possibles. Un site gouvernemental réactualisé en temps réel permet aux automobilistes de se renseigner sur les prix à la pompe près de chez eux, et de mieux faire jouer la concurrence.

"Tentation du rendement financier"

Mais cette explication laisse sceptique le député UMP Jacques Le Guen. Il met en effet en garde contre une augmentation abusive des prix : "je voudrai avoir la certitude que les compagnies pétrolières n'augmentent leurs tarifs que parce que le brut augmente et non pas parce qu'il y a toujours cette tentation d'augmenter le rendement financier de l'entreprise", a-t-il expliqué mardi au micro d'Europe1. Ainsi, il demande à ce que le gouvernement ouvre une enquête pour "s'assurer qu'il s'agisse bien de la compensation liée à l'augmentation du prix du brut et non pas l'augmentation des bénéfices des sociétés pétrolières".

Pour l’heure, difficile de prévoir quand la situation se stabilisera. Le retour à la normale suivra certainement l'accalmie en Libye et dans le Maghreb. A noter que la dernière période semblable de variation des prix date en France de 2010. Elle était liée aux grèves dans les raffineries.